Shas'o Benoît Posté(e) le 21 avril 2008 Auteur Partager Posté(e) le 21 avril 2008 Première partie d'une réponse à ta remarque dans le passage qui suit, comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre ! La suite : « -Ké-ce ke tu rakontes, imbécile ? crache Tressolid, pour faire sortir son malaise. -Je sais ce ke j’dis. C’est du tissu elfique. » Navregen s’agenouilla pour ramasser l’étoffe. Le tissu était fin, doux comme la soie, et portait encore des teintes bleues sous les taches de sang. On reconnaissait le dessin stylisé d’un diadème surmonté de quatre étoiles. Pas de doute, c’était bien l’emblème de la dynastie Dimhor qui régnait à l’est. « -En effet, c’est bien cela… Mais les korps ? -Les armes sont pas d’fakture elfe, remarqua Tressolid. Pas dans l’genre de ton sabre, demi-sang. J’les z’ai observées. -Ouais, cracha Bjorgkuln, même leurs têtes. J’les ai examinés, moi, cé kadavres. C’pas des elfes, sont trop kostauds pour ça. Vu la kouleur d’leur peau, j’dirais des Fenris. Mais bon, avek ce froid, n’importe kel dépouille finirait aubergine en quelques z’heures. -Pas avec le gel, nota le chef du klan. Non, tu as raison, ce sont des Fenris. J’avais moi aussi remarqué leur teint particulièrement marqué. Mais que faisaient-ils avec une bannière elfe ? » Leur discussion fut interrompue par une ravale de vent. Oh, pas une bourrasque, non, un souffle léger et froid, le soupir d’un drake, vous voyez ? Une bouffée d’air gelé qui secoua leurs capes et leurs braies, et dressa leurs cheveux sur leurs têtes. « -Trainons pas dans le koin, conclut Navregen, et tous lui emboîtèrent le pas aussi vite qu’ils purent. -Bjorgkuln, galope jusk’à la horde, dis-leur de se remettre en route tout de suite. -Voui, chaif. » Ils pressaient leurs chevaux, qui s’ébrouaient et suaient de peur, pressés de quitter les environs. La tension montait, presque palpable. Des crépitements et des sifflements montaient du sol, entre les nappes de brouillard qui montaient. Au ciel, les nuages s’assombrissaient avec rapidité, tandis que le soleil se voilait. Une ombre tomba sur le pays, et déjà des cris d’effroi venaient de la colonne. Quand ils arrivèrent au bord de la rivière, les orques et les esclaves se ruaient vers l’est, courant plus que marchant, se piétinant, rampant dans la boue, épouvantés. Des murmures et des sanglots remontaient des sous-bois, des gémissements émanaient des fossés où les dépouilles ricanaient de toutes leurs dents. L’eau fumait et clapotait, secouée de tremblements, et une écume vaporeuse bourgeonnait à la surface. « -Koi k’il se passe ? cria Podfair, au-dessus du vacarme. Nédacié, c’est enkore lé Trémajiks ? Ils nous auraient rattrapés ? -J’krois pas, hurla le sorcier en réponse, pour couvrir de sa voix les vociférations de la horde. J’krois ke… C’est c’pays maudit ! Faut s’barrer d’là en vitesse ! -Plakdefer ! s’égosilla Navregen. On met les bouts ! Mais gardez vos rangs, par tous les diables ! Hoborks, rétablissez l’ordre ! » Les chefs de bandes distribuèrent force coups, heureux de soulager leur angoisse sur quelqu’un. Le calme se rétablit peu à peu, ceux qui étaient tombés dans la boue et les hauts-fonds se relevèrent et se hatèrent de retrouver la sécurité de la cohue gémissante. Des supplications retentissaient, des prières balbutiantes et des cris de colère. « -On se met en marche, maintenant, mais restez kalmes ! ordonna Navregen, aussi fort qu’il put. Droit vers l’aval, vers nos prochains exploits. Prouvez k’vous êtes de vrais orks. Vous z’allez pas vous enfuir devant des morts ? » Un long sifflement monta du sol, un tremblement de terre secoua les chariots brinquebalants et et les guerriers, tandis que les arbres, parcourus de frissons, ruisselaient d’un verglas blanc. Le peu de courage qui maintenait la cohésion de la petite armée partit en poussière, et la panique se déclencha. Les hoborques les premiers se mirent à courir de toutes leurs jambes vers l’avant. Epouvantés, les combattants se jetaient sur les charrettes et les poussaient dans leur élan, ou bien s’en écartaient et s’enfuyaient au-delà. Seuls quelques-uns parmi les plus riches, ceux qui revendiquaient le plus de butin restèrent en arrière, pour forcer les esclaves à pousser les charrettes, à s’arc-bouter pour les tirer du limon gluant et les faire progresser aussi vite que possible sur la route cahoteuse. Navregen revint aussi vite que possible vers les chariots, se frayant un passage à contre-courant. Il arriva tant bien que mal au premier des véhicules, pour trouver un conducteur secoué par la terreur, mais personne à l’arrière ! « -Hé, toi ! Le chef d’attelage ! Où sont les passagers ? -Je… J’sais… P…pas…ch… Chaif ! » Une serre d’angoisse écrasa le ventre du semi-orque. Un affreux pressentiment monta, monta, jusqu’à envahir toute la sphère de sa pensée. Ce doute se développa rapidement jusqu’à devenir une certitude. La fille et le wolfen avaient tous les deux disparu, quelle conclusion pouvait-on en tirer ? « -Bjorgkuln… Bjorgkuln ! » Le vieil éclaireur se retourna, interloqué, et réfréna son cheval, pour revenir au niveau de la charrette qui grinçait et valsait sur le sol glissant. Navregen, qui avait gardé par les rênes sa monture solide, remonta sur sa croupe en aboyant : « -Cherche la piste du wolfen. Il s’est échappé… Je le veux vivant, tu entends ? Mais trouve-le ! Rassemble tes pisteurs, nous partons en chasse. Deuzelle ! -Oui, chef ? -Tu diriges la horde en mon absence. Garde un œil sur Tressolid, mais n’hésite pas à demander l’appui de Podfair : je pense k’elle restera de notre kôté. Rassemble les semi-orks et gardes-en dix. J’emporte les autres avek moi. K’on leur donne des chevaux. -Bien, chef. Vous pouvez me faire konfiance. -J’en jugerai à mon retour. » Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 22 avril 2008 Auteur Partager Posté(e) le 22 avril 2008 Eh bien voilà un premier début de réponse, comme quoi tout vient à point à qui sait attendre. Bonne lecture ! « -Ké-ce ke tu rakontes, imbécile ? crache Tressolid, pour faire sortir son malaise. -Je sais ce ke j’dis. C’est du tissu elfique. » Navregen s’agenouilla pour ramasser l’étoffe. Le tissu était fin, doux comme la soie, et portait encore des teintes bleues sous les taches de sang. On reconnaissait le dessin stylisé d’un diadème surmonté de quatre étoiles. Pas de doute, c’était bien l’emblème de la dynastie Dimhor qui régnait à l’est. « -En effet, c’est bien cela… Mais les korps ? -Les armes sont pas d’fakture elfe, remarqua Tressolid. Pas dans l’genre de ton sabre, demi-sang. J’les z’ai observées. -Ouais, cracha Bjorgkuln, même leurs têtes. J’les ai examinés, moi, cé kadavres. C’pas des elfes, sont trop kostauds pour ça. Vu la kouleur d’leur peau, j’dirais des Fenris. Mais bon, avek ce froid, n’importe kel dépouille finirait aubergine en quelques z’heures. -Pas avec le gel, nota le chef du klan. Non, tu as raison, ce sont des Fenris. J’avais moi aussi remarqué leur teint particulièrement marqué. Mais que faisaient-ils avec une bannière elfe ? » Leur discussion fut interrompue par une ravale de vent. Oh, pas une bourrasque, non, un souffle léger et froid, le soupir d’un drake, vous voyez ? Une bouffée d’air gelé qui secoua leurs capes et leurs braies, et dressa leurs cheveux sur leurs têtes. « -Trainons pas dans le koin, conclut Navregen, et tous lui emboîtèrent le pas aussi vite qu’ils purent. -Bjorgkuln, galope jusk’à la horde, dis-leur de se remettre en route tout de suite. -Voui, chaif. » Ils pressaient leurs chevaux, qui s’ébrouaient et suaient de peur, pressés de quitter les environs. La tension montait, presque palpable. Des crépitements et des sifflements montaient du sol, entre les nappes de brouillard qui montaient. Au ciel, les nuages s’assombrissaient avec rapidité, tandis que le soleil se voilait. Une ombre tomba sur le pays, et déjà des cris d’effroi venaient de la colonne. Quand ils arrivèrent au bord de la rivière, les orques et les esclaves se ruaient vers l’est, courant plus que marchant, se piétinant, rampant dans la boue, épouvantés. Des murmures et des sanglots remontaient des sous-bois, des gémissements émanaient des fossés où les dépouilles ricanaient de toutes leurs dents. L’eau fumait et clapotait, secouée de tremblements, et une écume vaporeuse bourgeonnait à la surface. « -Koi k’il se passe ? cria Podfair, au-dessus du vacarme. Nédacié, c’est enkore lé Trémajiks ? Ils nous auraient rattrapés ? -J’krois pas, hurla le sorcier en réponse, pour couvrir de sa voix les vociférations de la horde. J’krois ke… C’est c’pays maudit ! Faut s’barrer d’là en vitesse ! -Plakdefer ! s’égosilla Navregen. On met les bouts ! Mais gardez vos rangs, par tous les diables ! Hoborks, rétablissez l’ordre ! » Les chefs de bandes distribuèrent force coups, heureux de soulager leur angoisse sur quelqu’un. Le calme se rétablit peu à peu, ceux qui étaient tombés dans la boue et les hauts-fonds se relevèrent et se hatèrent de retrouver la sécurité de la cohue gémissante. Des supplications retentissaient, des prières balbutiantes et des cris de colère. « -On se met en marche, maintenant, mais restez kalmes ! ordonna Navregen, aussi fort qu’il put. Droit vers l’aval, vers nos prochains exploits. Prouvez k’vous êtes de vrais orks. Vous z’allez pas vous enfuir devant des morts ? » Un long sifflement monta du sol, un tremblement de terre secoua les chariots brinquebalants et et les guerriers, tandis que les arbres, parcourus de frissons, ruisselaient d’un verglas blanc. Le peu de courage qui maintenait la cohésion de la petite armée partit en poussière, et la panique se déclencha. Les hoborques les premiers se mirent à courir de toutes leurs jambes vers l’avant. Epouvantés, les combattants se jetaient sur les charrettes et les poussaient dans leur élan, ou bien s’en écartaient et s’enfuyaient au-delà. Seuls quelques-uns parmi les plus riches, ceux qui revendiquaient le plus de butin restèrent en arrière, pour forcer les esclaves à pousser les charrettes, à s’arc-bouter pour les tirer du limon gluant et les faire progresser aussi vite que possible sur la route cahoteuse. Navregen revint aussi vite que possible vers les chariots, se frayant un passage à contre-courant. Il arriva tant bien que mal au premier des véhicules, pour trouver un conducteur secoué par la terreur, mais personne à l’arrière ! « -Hé, toi ! Le chef d’attelage ! Où sont les passagers ? -Je… J’sais… P…pas…ch… Chaif ! » Une serre d’angoisse écrasa le ventre du semi-orque. Un affreux pressentiment monta, monta, jusqu’à envahir toute la sphère de sa pensée. Ce doute se développa rapidement jusqu’à devenir une certitude. La fille et le wolfen avaient tous les deux disparu, quelle conclusion pouvait-on en tirer ? « -Bjorgkuln… Bjorgkuln ! » Le vieil éclaireur se retourna, interloqué, et réfréna son cheval, pour revenir au niveau de la charrette qui grinçait et valsait sur le sol glissant. Navregen, qui avait gardé par les rênes sa monture solide, remonta sur sa croupe en aboyant : « -Cherche la piste du wolfen. Il s’est échappé… Je le veux vivant, tu entends ? Mais trouve-le ! Rassemble tes pisteurs, nous partons en chasse. Deuzelle ! -Oui, chef ? -Tu diriges la horde en mon absence. Garde un œil sur Tressolid, mais n’hésite pas à demander l’appui de Podfair : je pense k’elle restera de notre kôté. Rassemble les semi-orks et gardes-en dix. J’emporte les autres avek moi. K’on leur donne des chevaux. -Bien, chef. Vous pouvez me faire konfiance. -J’en jugerai à mon retour. » Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 22 avril 2008 Partager Posté(e) le 22 avril 2008 Hum tu donnes pas vraiment des réponses mais tu corriges es pseudos incohérences que j'avais bien pu remarquer ! Donc, je sais pas si c'était déjà prévu mais bien rattrapé ! Pour le fond, hum, ça avance pas vraiment dans le sens où on est dans la même situation qu'avant sauf qu'il y a des disparus. Je ferai une mention spéciale aux descriptions qui m'ont étonné de réalistes, j'ai bien ressenti l'angoisse ! Bien joué donc et je demande la suite ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 1 mai 2008 Auteur Partager Posté(e) le 1 mai 2008 J'ai aucun moyen de le prouver, mais c'était bel et bien prévu. C'est un détail dans cette histoire, en effet les tués auraient pu être des elfes... Mais à cela j'oppose quelques arguments logiques : Arguments de fond : -même face à l'ennemi auquel je pense et dont je ne révellerai pas encore le nom ( mais que vous apprendrez bientôt ) une cohorte d'une centaine d'elfes aurait survécu. Seule une race moins "puissante" ( moins vive, agile et combattive ) aurait pu se faire massacrer aussi vite. -l'histoire de Navregen s'orchestre à la périphérie d'un plus large conflit... A la différence de l'histoire de la Renaissance du Faucon, qui décrit les étapes de toute une guerre entre les armées de Nommiard et celles des Landes, et ce qui en découle étape par étape, le texte de Navregen est plus illustratif. En gros, on peut faire le distinguo : -Lamenoire Gandacier est un héros national, dont un conteur relate la légende : il a pris une part active dans la lutte contre le Grand Nord. -Navregen est un chef de clan orque dont les aventures entre dans le cadre plus large de la désagrégation de l'Empire Fenri. Partant de ce constat, j'ai décidé d'intégrer au moins en partie les échos de la guerre sous-jacente... Guerre qui va avoir une influence indirecte sur le futur de Navregen, évidemment. Cette rencontre avec les Fenris aura un impact précis sur l'histoire. C'est un fléchissement dans la vie du semi-orque. Arguments de forme : -les fenris sont une des peuplades les plus nombreuses du Nord, et ils étaient jusqu'à présent peu présents dans cet ouvrage... Il était juste qu'ils y trouvent une place. -ils offrent un bon moyen pour faire avancer l'intrigue... Notez bien ce qui se passe au cours de ce passage, y'a quelque chose de pas anodin, mais ça me gêne d'en dire plus. **********IMAGINEZ UNE SECONDE***************************** Vous êtes un mage de cette époque, qui scrutez les Vents pour découvrir, au jour le jour, la destinée de Navregen ( a priori, aucun mage à ce moment ne le faisait, aucun en tout cas ne pouvait savoir que Navregen serait intéressant à observer ). Eh bien le jour où Navregen tombe sur la colonne des Fenris massacrés, vous auriez vu son "essence", son reflet spirituel évoluer : les courbes des Vents se seraient intensifiées, et presque inversées ; les tourbillons, les spirales et les cycles auraient pris un sens contraire, et les formes et couleurs se seraient harmonisées. Il se serait transformé en une vague psychique dérivant lentement vers d'autres "dimensions immatérielles". En termes plus clairs, Navregen, bien qu'il l'ignore, est transformé par cette rencontre. Son destin, qui restait peut-être incertain, est désormais tracé aussi sûrement que dans la pierre. Les étapes de sa vie pour les prochaines années sont bien déterminées... ******************************* Quant à la présence de Fenri, le pourquoi de leurs rapports avec les elfes, et leurs déboires militaires, j'y ai fait référence avec deux autres textes au moins postés sur ce forum : -l'un concernait un concours, c'était un texte sur le thème de la fuite je crois ; on y voyait un fenri s'échapper des prisons des elfes noirs. -l'autre était un poème, une épopée miniature retraçant la fin tragique de la dynastie Fenri. C'était aussi pour un concours je crois. BOn c'est pas tout ça, voilà la suite : Sur cette remarque cinglante, il éperonna son destrier et le fit partir à fond de train derrière celui du chef éclaireur. Bjorgkuln hésitait, se grattant le menton, et Navregen s’impatienta vite : « -Hé bien, par où sont-ils partis… -De la boue partout, pas facile à dirre, et pis du haut d’ce bestiau… -Alors descend, inkapable ! » Le coup de poing catapulta le vieil orque par-dessus sa selle, droit dans la tourbe. Il se releva avec peine, couvert de glaise humide, et fureta un peu entre les herbes, respirant à pleins poumons pour capter les plus fines odeurs ; il ravalait sa colère avec peine, et la noyait dans les larmes que sa jambe douloureuse lui arrachait. Un crapaud géant, pensa Navregen, en regardant son pisteur ramper aux pieds de son cheval rustique. On dirait un immonde batracien empoté… Il secoua la tête, surpris par sa propre violence, tant physique que mentale. Il tourna la tête vers son escorte, qui était enfin rassemblée autour de lui : les semi-orques restaient hors de portée de son bras, et baissaient tous le front. Pour la première fois, son autorité semblait incontestée. A cet instant précis, il éprouva même le désir bestial de tuer pour se calmer, mais il se contenta de grincer des dents, en tordant ses rênes entre ses mains. « -Par là, s’enthousiasma le vieil orque. Une marke de patte ! Il kouré… -Deuzelle ! appela à nouveau Navregen. Tu nous fais suivre par la horde aussi vite ke possible. Ne vous arrêtez pas avant de nous avoir retrouvés. On vous renverra un éklaireur chak soir pour vous garder sur la bonne route. Et maintenant, en selle, Bjorgkuln ! Et t’as intérêt à pas perdre la piste ! » Le pisteur obéit de son mieux, parvenant après deux tentatives infructueuses à monter en selle. Il pensait bien que du haut de sa monture, la traque serait difficile, mais il tenait à sa peau. La chevauchée s’élança, quittant aussi vite que possible l’atmosphère lugubre des bords de la rivière. Ils n’eurent pas couvert une lieue qu’ils retrouvèrent le wolfen, trottinant le long d’un bosquet de pins, dans leur direction. Le fauve frémit à leur approche, mais parut reconnaître les cavaliers et s’immobilisa, les regardant de ses yeux ambrés. « -La fille ! cria Navregen, la main sur la garde de son sabre, essayant de réfréner de l’autre les bonds nerveux de son destrier. Où est-elle ? -Loup tente de la suivre, mais cheval trop rapide. Elle s’échappe, alors décide de revenir prévenir Sauveur. -Dans kelle direktion est-elle partie ? » Le wolfen recule de deux pas, la queue entre les jambes. Courbant la tête vers le sol, il répond : « -J’ai obéi… Loup pas fautif. Suivre ordres. -Je sais ! hurla le semi-orque, à bout de patience. Loup, où est-elle ? -Elle doit êtr’ loin à l’heure k’il est, hasarda l’un des éclaireurs. -Cé z’humaines, cracha un autre, toutes dé… » Navregen le fusilla du regard, et il préféra ne pas achever sa phrase. « -Loup reniffle sa trace, annonça le loup géant, en frôlant les herbes frémissantes du sol. Cheval orque facile à sentir. -Très bien, alors tu vas nous amener à elle, pour racheter ta conduite, ordonna Navregen. Et tâche d’adopter notre allure. » Le monstre répondit par un jappement, et fila à fond de train droit vers le sud. « -Bjorgkuln, envoie un de tes orks prévenir le reste de la tribu de ce changement de direktion. En avant les autres ! » Bien qu’il ne le laissât pas paraître, il s’en trouvait soulagé. Sa plus grande frayeur était que le wolfen, peu reconnaissant, ait décidé de s’enfuir avec la captive pour la dévorer. Après tout, il n’avait jamais eu affaire à la race des loups-hommes auparavant, et il ne savait pas quels concepts ils étaient capables d’assimiler. Ils paraissaient donc aptes à comprendre ceux de devoir et de protection, et c’était tout ce qui importait à ses yeux. Tressolid avait suivi les quelques échanges de mots entre le chef de Horde et ses subordonnés avec grand intérêt. Quand il fut certain que le petit détachement fut hors de portée de flèches, il esquissa un sourire. Le demi-sang s’était éloigné de la Horde, hein ? C’était donc une occasion idéale pour renforcer son ascendance sur la troupe. Il fit un signe de la main, et ses deux lieutenants le rejoingirent, le front bas. Tous trois s’écartèrent un peu de la formation, fendant la brume de leurs silhouettes massives ; on aurait dit un chêne encadré de deux bouleaux. « -Fratrissid, Novlam, rassemblez les Hoborks. Faut k’on parle ensemble. Dites-leur juste ça, kompris ? D’mandez-leur de me r’joindre d’vant ma tente ce soir. -Og og, boss. -Et ret’nez les chefs de kolonnes ki profitent pas d’l’absence de l’avorton pour s’enhardir. Faut k’on soit sûr de sur ki k’on peut kompter. -Dans kel but, chaif ? -R’prendre la place ki me revient, pardi. Allez ! » Il ricanait en son for intérieur : le souvenir de ses brûlures au visage et à ses membres était presque oublié, effacé par la perspective d’une promotion bien gagnée. *** Hularic avait peut-être bu plus que de coutume, ces temps-ci ; il faut dire qu’il avait besoin d’oublier. En fait, cela faisait des années qu’il voulait oublier. Il reporta une fois de plus son verre de vin en terre cuite à ses lèvres, la main tremblant comme une feuille. A travers sa vue trouble, il pouvait voir le patron de la taverne le lorgner, renfrogné. Il n’avait rien à dire ! Il avait payé en écus sonnants et trébuchants, par l’enfer ! Quelque peu énervé, il se reporta vers son voisin, adossé au comptoir, qui le regard perdu dans le vague, faisait semblant de l’ignorer. Mais Hularic avait bien trop bu pour pouvoir tenir sa langue. Il avait trouvé un auditoire, aussi restreint soit-il, et il décida de lui parler. Ouvrant toute grande sa bouche exhalant des vapeurs d’alcool enivrantes, il se lança dans une de ces longues diatribes dont il avait le secret : « -Mon pauvre ami, si vous saviez quels sont les malheurs par lesquels j’ai passé, vous ne manqueriez pas… Pas de maudire le sort ! Quel destin affreux que celui-ci… Qui nous est arrivés à nous tous ! Quelle époque de temps troublés vivons-nous ! Par tous les démons de l’en-bas, c’est à croire que le monde n’est plus ce qu’il était ! Et que dire… De la façon dont tourne l’empire ? Malheur de malheur, que celui qui a vu la dynastie s’effondrer ! -Oh l’ivrogne, grogna l’aubergiste, tu as bientôt fini ? » Hularic vacilla, maugréa quelques excuses, puis s’éloigna en titubant, les mains plongées dans ses poches trouées. Il poussa la porte de l’auberge d’un coup d’épaule, s’appuya un instant dessus, respira un grand coup, et s’avança au milieu de la route, sa silhouette tremblante éclairée par les quelques flambeaux accrochés aux murs de la taverne. Des bruits de sabot s’approchèrent, mais il n’y prêta pas tout de suite attention. Surgissant de la nuit, un cavalier fonça droit sur lui. Il poussa un cri de terreur à la vue de la bête massive, qui hennit de peur en se redressant sur ses pattes arrière. L’ivrogne tomba à terre, essayant de se protéger la tête de ses bras. Enfin le cheval recula, reprenant un peu de contenance. Hularic risqua un coup d’œil vers le cavalier. Plutôt la cavalière. Une femme mince, dans une robe déchirée, les épaules couvertes d’un manteau rouge. Elle avait une mine déterminée, mais un brin anxieuse. Des longs cheveux d’un blond resplendissant, encadrant son visage triste mais néanmoins charmant. Quelque chose de gracieux et d’altier transfigurait son regard troublé. Soudain, une petite voix chuchota dans l’esprit d’Hularic et il s’écria de toute la puissance de ses cordes vocales : « -La princesse, je… Je l’ai retrouvée, Altesse ! L’impératrice ! -K’est-ce ke c’est ke cette histoire ? » Tous deux sursautèrent, épouvantés par cette voix surgie de la nuit. Pas exactement de la nuit, mais plutôt d’un cavalier vêtu d’une longue peau d’ours, coiffé d’un casque à grandes cornes, le sabre au poing. Une visière abaissée empêchait de distinguer les traits de son visage, mais l’intonation sa phrase laissait présager colère et impatience. Avant qu’Hularic ait pu pousser un nouveau cri de terreur, ou que Swegnine ait pu relancer sa monture, le chef des Plakdefer sauta de son destrier et la fit tomber de selle. Déjà la vivelame luisait dans la pénombre, sa pointe collée sur la gorge de la demoiselle. Navregen était plus qu’enclin à l’enfoncer plus loin, pour apprendre à sa captive à tenir sa place : « -Espèce de sale… Humaine ! T’avises jamais de r’kommencer ! -Je n’ai pas de raisons… de t’obéir, orque. » réussit-elle à répondre, la gorge nouée. Navregen maintint sa poigne, puis desserra un peu sa prise, tout en gardant son sabre plaqué sur le cou de sa prisonnière. Plusieurs autres chevaucheurs étaient arrivés dans la grande rue du village. Curieusement, toutes les discussions dans l’auberge s’étaient tues. Navregen relâcha son étreinte, puis tourna son sabre vers le pilier de taverne : « -Bjorgkuln, ligote-moi ça. On l’emmène avec nous. -Où c’k’on va, chaif ? demanda l’un des renifleurs. -Toi, tu r’tournes à la Horde. Dis-leur k’il y a un charmant p’tit village ici, et k’ils s’amènent vite. Nous autres, on va visiter cet établissement. » Le kavalier dépité s’éloigna dans la nuit froide, tandis que les autres, hilares, descendaient de monture et enfonçaient la porte branlante de la taverne. Quelques cris d’épouvante saluèrent leur venue. Maintenant sa prisonnière d’une poigne ferme, le chef des Plakdefer entra dans l’auberge à l’instant exact où le tenancier laissa tomber chiffon crasseux et verre sur le sol, le visage blanc comme un linge. « -Addim et Abbog, des orques… -Oué, c’t’exakt, s’esclaffa l’un des pisteurs, en s’appuyant sur le comptoir. Et toi t’es un peau-roz, s’pas ? Arrh, ça m’fait mal d’te r’garder. » Quatre des renifleurs renversèrent une table, où deux voyageurs étaient attablés, juste pour voir leurs réactions. Les deux humains attablés reculèrent, livides, brandissant leurs couteaux en guise d’armes. Le reste des clients ne bougeait pas, encore glacé par la peur et la surprise. Navregen vérifia une dernière fois que les liens autour des poignets de Swegnine seraient solides, puis annonça : « -Je suis Navregen des Plakdefer, chef de Horde. J’vous konseille de bien vous t’nir, humains. D’ici quelques heures, vous aurez toute une armée à akkeuillir, alors plus vous serez konciliants, mieux ça s’passera. -Que… Que voulez-vous ? hoqueta une paysanne terrorisée, qui serrait contre son sein son unique fils aux yeux écarquillés, plus curieux que conscient du danger. -Pour l’instant, manger et boire, et dormir, dit le semi-orque. -Pis plus tarr, dé chevaux, dé chariots, dé tas d’rézerves d’nourriture… , énuméra Bjorgkuln, peu à peu amusé par la crainte qu’ils inspiraient. -Et pis vos z’objets en or, en bronz et toussa, rikana un des orks. Ça, tiens ! » D’une détente rapide du bras, il se jeta sur la paysanne, et tenta de lui arracher le collier de quartz qu’elle portait au cou. La femme hurla de terreur, son gamin tomba à la renverse dans l’empoignade. Deux paysans se ruèrent sur l’aggresseur, et les poings volèrent. « -Attendez, sales peau-roz ! » jeta Bjorgkuln, en serrant les poings. Les haches furent tirées, et tombèrent dru sur les villageois. Les tables craquaient, les pieds des chaises étaient brisés pour servir de gourdins. La furie emporta tous les belligérants, quelques orques munis d’arcs décochaient leurs traits au jugé ; armés de coutelas, de bâtons ou de cruchons, les habitués de la taverne se défendaient avec bravoure, mais les orques étaient des soldats accomplis, bien armés, bien entraînés et bien équipés. Les lames des couteaux rippèrent sur les cottes de maille, les cruchons se brisèrent sur les boucliers. Navregen avait plaqué Swegnine contre le mur du fond et l’y maintenait collée de sa main gauche, pendant qu’il repoussait ses agresseurs par de grands moulinets de sabre. Il en tua un, puis deux, puis trois. Ils avaient fait de la place dans la salle commune ! Toute la vaisselle gisait en miettes, recouverte par une vingtaine de corps humains. Deux orques accusaient des blessures superficielles, hématomes ou éraflures, mais tous s’activaient déjà à fouiller les dépouilles. « -Sauveur ! hurla le wolfen, en entrant dans la grande salle, la démarche méfiante. Là-dehors, les humains… » Tous se retournèrent vers lui. Le monstre remarqua l’humaine, et retroussa ses babines. « -Toi vouloir me faire trahir ma parole. -Tu as tenu ton rôle Loup, assura Navregen, en s’interposant. Laisse-la, et protège là comme je te le demandais. -D’accord, mais grabuge dehors. Autres habitants se rassemblent déjà. » Des pas précipités firent trembler le plafond grinçant de la pièce. « -On diré k’lé dormeurs s’réveillent, renifla Bjorgkuln. -J’nous donne deu z’kondes avant k’tout l’patelin nous tombe dessus l’paletot, estima l’un des éclaireurs, en observant la rue par une des fenêtres. » Navregen réfléchit rapidement, mais il eut tôt fait de faire les choix qui s’imposaient. Il relâcha sa prise sur la jeune femme et lui reprocha : « -Jamais vous auriez du vous enfuir. -Il fallait que j’essaie, rétorqua t-elle. -Katre orks pour monter à l’étage. Tuez tous les pensionnaires, et vous pourrez garder leur butin ! » Les pisteurs se hâtèrent d’obéir à son injonction. Des bruits de bagarre et des râles d’agonie résonnèrent vite dans l’escalier. « -Vous voyez ce ke vous m’obligez à faire ? -Vous êtes un assassin ! hurla Swegnine, écoeurée. -Non, si vous étiez restée dans la charrette avek Loup, jamais j’aurai su k’y avait un village dans l’koin, et cé pauv’z’humains auraient rien eu. -A mon avis, on d’vré plutôt la r’mercié, ironisa l’un des éclaireurs. Og ! » Swegnine se sentit partir loin, loin de cette auberge sinistre où le sang coulait encore entre les chaises renversées. Elle ne distinguait plus qu’à moitié la dizaine de peau-vertes qui empilaient les meubles brisés devant la porte et les fenêtres, les cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants figés dans la mort, ou les claquements du fer contre le fer au premier étage. Ils avaient raison ! Si elle n’avait pas agi aussi inconsidérément, tous ces braves gens auraient eu la vie sauve. Oh ! Combien elle s’en voulait… « -Mankait plus k’ça… jura Navregen, en revenant vers elle. Ekoutez, humaine, restez éveillée ! Ça ira ? -Je… Je n’en sais rien… -Si jamais vous vous évanouissez, j’vous réveillerai à koups de sabre ! J’ai pas l’temps de m’okkuper d’vous pour l’instant, alors asseyez-vous au fond d’la pièce et t’nez-vous-y. Ah, et au kas où vous tenteriez d’sortir, vous faites pas d’illusion : ces gueux tueront la première silhouette k’ils verront sortir d’cette bâtisse. Pigé ? » Elle aquiesça, accélérant la coulée des larmes sur ses joues, mais suivit ses conseils et se terra contre le mur de chaux, assise à même la terre-battue, bien recroquevillée. Elle avait froid, mal à la tête, et la vue de tous ces morts n’y arrangeait rien… « -Orques ! cria une voix de l’extérieur. Si vous sortez de l’auberge, j’vous garantis sur ma fourche que vous aurions une mort honnête. Foi de Kilarion. -Sur ta foi ? se moqua l’un des peau-vertes. On kroiré entendre un vré chevalié. -Une mort honnête ? répéta Navregen. La seule mort honnête pour un ork, c’est la mort au kombat ! Pas vrai, les gars ? -Ouais ! » Le semi-orque sentait son sang bouillir dans ses veines. Au départ, il aurait voulu battre à mort cette humaine folle, oui. Mais quand il avait pu poser les yeux sur elle, il avait senti toute sa hargne fondre. Même dans l’échauffourée, il avait surtout éprouvé de la peur. La crainte de la voir prendre un mauvais coup, ou même de mourir. A présent, il s’en voulait presque de l’avoir fait culpabiliser. Mais il tenait un bon moyen de penser à autre chose : la guerre ! Et ces bouseux allaient voir… « -Komment s’battent les Plakdefer ? -Jusk’à la mort ! Jusk’à la mort ! hurlèrent les pisteurs enthousiastes. -Pourkoi se battent les Plakdefer ? -Pour l’or et la gloire ! -Et ki vous les donne ? -Navregen ! devina Bjorgkuln. -Navregen ! Navregen ! Navregen ! » Deux paysans fracassèrent les volets d’une fenêtre de deux frappes de maillet et sautèrent en aveugle, atterrissant dans la salle. Les orques qui gardaient l’embrasure les cueillirent au passage de leurs haches, et les décapitèrent avant que leurs pieds ne touchent le sol. D’autres chargeaient la porte, la fourche en avant, et blessèrent au bras l’un des peau-vertes. Ayant chassé les défenseurs du cadre de l’ouverture, trois coups de pied leur suffirent pour écarter deux tables disloquées. Epées et cognées rencontraient tenailles et haches de bûcherons. « -Plakdefer ! hurla Navregen, déviant un coup pour tracer dans un torse un sillon rouge. Tuez et tuez enkore ! » La première vague fut repoussée sans trop de peine, et coûta la vie à neuf des autochtones. « -Pas trop d’kasse ? demanda le semi-orque. -Rin de rin, annonça un orque. Un blessé, tout’au pluh. » Le blessé en question était un malheureux qui avait reçu un crochet en pleine tête, et qui était encore secoué des derniers spasmes, derrière sa fenêtre. Un des pisteurs vint le remplacer à son poste. « -Ils se rassemblent, nota Bjorgkuln, sur la place du village. On diré k’ils sont bien embêtés ! -Ils cherchent un moyen d’nous déloger, songea Navregen. Et ils vont pas tarder à en trouver un, s’ils ne sont pas plus stupides ke nous. -C’t-à-dire ? -Komment avons-nous fini par enfoncer la porte du château d’ma kaptive ? » Un quart d’heure plus tard, quelques bottes de foin crépitaient au centre du village. Les ballots ronflaient dévorés par les flammes rouges et jaunes d’un feu intense. A contre-jour, les formes des villageois armés de piques, de bâtons et d’outils divers faisaient penser à des esprits follets dans la nuit noire. L’un d’entre eux, sans doute désigné au sort, s’approcha en tenant un brandon enflammé. « -Toi mon gars, rigola l’un des archers éklaireurs, t’ira pas loin… » La flèche barbelée siffla juste à droite du volontaire. Ce-dernier sentit le projectile le frôler, et bondit de côté. Un second trait se ficha dans sa jambe. « -Aaaargh, j’ai… J’ai maaal ! -Allons Rvin, continue ! -Il a laissé tomber sa torche ! -Ramassez-la. -Je l’ai ! C’est bon je la… Aaaggh ! » Une quatrième pointe frappa encore en plein ventre un autre des paysans. Eclairés par le brasier qui ronflait dans leur dos, ils formaient des cibles faciles, même pour un orque maladroit. Le cercle des miliciens recula en toute hâte, jusqu’à entourer la fournaise. « -Il nous reste kombien d’flèches ? -Kek’dizaines, chef. Assé pour en tuer enkore kek’zun ! -Maintenant, ils vont chercher une autre idée… Mais ils ne renonceront pas au feu. -Ah non ? -K’ec’ke vous voulez dire, chaif ? -Je pense que… notre cher amie doit savoir à koi je pense, pas vrai ? » Il se tourna vers Swegnine, qui restait reclue, perdue dans ses pensées. A un mètre ou deux d’elle, Loup était assis à quatre pattes et attendait, l’oreille tendue. « -Humaine ! Y’a une solution simple, n’est-ce pas ? » Swegnine leva lentement la tête vers lui, la lèvre tremblante : « -Oui, évidemment… souffla t-elle. Des flèches enflammées. » Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 2 mai 2008 Partager Posté(e) le 2 mai 2008 Il fait chaud ou c'est moi ? Bon ça sent le griller autant dans leur situation que la future avec l'emeute qui se prépare ! Par contre, je comprends pas trop pourquoi ils tentent pas une sortie. S'ils sont vraiment plus nombreux les villageois, faudrait peut-être le préciser de façon plus claire parce que moi je l'ai vraiment pas mémorisé ! Bon le loup fait moins méchant mais par contre, on voit bien sa loyauté maintenant ! Bon c'est en gros les seules remarques qui me viennent. Suite !!! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 2 mai 2008 Auteur Partager Posté(e) le 2 mai 2008 Evidemment qu'ils vont tenter une sortie ! C'est des Plakdefer, à quoi tu t'attendais ? Quant aux forces en présence, le compte est vite fait : Navregen + Bjorgkuln +10 semi-orques + quelques pisteurs ( une quinzaine ? ) soit même pas trente orques contre tout un village, on peut donc tabler sur 250 humains au moins. Le rapport est donc nettement défavorable pour nos pauvres orkounets. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 8 juin 2008 Auteur Partager Posté(e) le 8 juin 2008 Oula plus d'un mois pour poster, c'est mal ! Toutes mes plates excuses injustifiées, voilà la suite : Bjorgkuln boitait en long et en large dans la salle commune, trébuchant sur les corps étalés. « -Enfin, c’t’insensé ! De simples flèches peuvent karrément pas brûler une barak ! -Alourdies d’étouppes, c’est très-possible, répondit Navregen. -Mé c’t’une teknik de guerre, ça ! Cé plouks n’y penseront jamé ! Y z’ont jamé été attaké d’toute leur vie, cé mollassons ! -Je ne krois pas, tout kompte fait. Ils ont fait preuve de vaillance ici, si bien que l’effet de surprise a bien failli ne pas suffire à nous sauver. Et ils sont plutôt bien organisés : dès la première alerte, tous les hommes valides étaient dehors arme au poing. » Le vieux pisteur remua ces quelques indices dans son crâne, mais hésitait à avouer son erreur. Et de toute façon, s’il se trompait, ses excuses ne serviraient de rien. « -Bon et alors ? Si c’é c’k’ils feront, komment on s’en sort ? -On sort, tout simplement, répliqua Navregen, en agrippant un tabouret renversé. Rékupérez les tables, les chaises. Elles serviront de boukliers, et arrêteront peut-être les premiers projektiles. Dès k’on aura kitté l’auberge, on se dirige à rekulon vers la sortie du village, d’où on est venu. Avek un peu de chance, on arrivera à s’en sortir. -Mé on a deux prisonniers, protesta l’un des pisteurs. K’est-ce k’on en fait ? » Le semi-orque se tourna à nouveau vers leurs otages, la damoiselle humaine qui attendait son sort, assise contre le mur du fond, en serrant ses jambes repliées contre elle, et le vieil ivrogne qu’ils avaient bousculé dehors, et qui cuvait son vin dans un sommeil béat. « -On peut pas les laisser là. -Et pourkoi pas ? -Parce ke ! J’veux savoir c’ke ce sak à vinasse pensait kand il l’a appelée « princesse ». Et elle est ma kaptive, pas kestion d’la laisser ici. -On a peut’être pas l’choix… hasarda l’un des orques. -Non, on les emmêne avek nous. Réveillez c’te loque, faut ke j’leur parle à tous deux. » Bjorgkuln boita jusqu’à Hularic et lui donna un grand coup de béquille dans les côtes. Le vieil homme hurla de surprise et de douleur et tenta de se relever. Mais puisqu’il avait les mains liées et l’esprit encore embué, il retomba assis, éberlué. « -Ekoutez-moi bien vous deux, ordonna Navregen. On va sortir d’ce bouge en espérant survivre à une grêle de flèches. On va vous trancher vos liens, mais j’vous konseille de nous suivre. Deux bonnes raisons : si vous tentez de vous échapper, mes orks ont ordre de vous tirer dessus. Et puis, si vous courez vers nos agresseurs, ils vous auront tué avant d’avoir pu vous identifier. Dans le noir, difficile de faire la différence entre ami et ennemi, pas vrai ? Je me suis bien fait komprendre ? Si votre vie vous inkiète enkore un tant soit peu, vous savez c’k’il vous reste à faire. Restez au milieu d’notre formation. » A peine achevait-il sa phrase que déjà le premier trait de feu passait par une fenêtre brisée, et se plantait dans le plancher. D’autres suivirent bientôt, illuminant la pièce de reflets mordorés. Les envahisseurs se rassemblèrent derrière la porte d’entrée, ayant rassemblé une longue table, trois chaises et quelques tabourets désossés. Un semblant d’anxiété marquait leurs traits rudes, mais aucun n’hésita quand Bjorgkuln ouvrit à la volée la vieille porte, qui portait déjà une demi-douzaine de flèches enflammées sur son battant. Ils coururent hors de la taverne, hurlant leur cri de guerre, en un bloc compact et serré. Swegnine et Hularic, ébêtés, restaient à l’abri au centre du petit détachement, effrayés par les grognements sporadiques du loup monstrueux. Les paysans s’éloignèrent d’abord, angoissés, mais les quelques archers reprirent bientôt leurs esprits. La table et les rares meubles que les peaux-vertes brandissaient devant eux finirent criblés de projectiles, et commencèrent de s’embraser. Deux traqueurs s’écroulèrent, tués par les pointes de feu, et les survivants reculaient avec précaution, aussi vite que possible, essayant de gagner l’extrémité de la grande rue. Mais les ribauds en colère s’étaient ressaisis et se rapprochaient, menaçants. « -Va falloir lâcher ces trucs ! grogna un des éclaireurs. Ça devient brûlant ! » Navregen se rendit à l’évidence, et jeta le siège brisé qu’il tenait dans sa main gauche, et qui déjà ne ressemblait plus qu’à une torche flamboyante. C’est le moment que choisit le wolfen pour agir. Poussant un hurlement surgi du plus profonde de ses entrailles, la créature quitta la petite bande et courut de toutes ses pattes vers les villageois. Ceux-ci ne comprirent pas tout de suite ce qu’il se passait, et encore moins de quoi il s’agissait. Le wolfen avait franchi la distance qui séprait les deux groupes avant qu’un des archers ait pensé à le prendre pour cible, et il attaqua sans autre préavis. Il sauta sur le premier des humains et l’égorgea sur place, mordant dans son cou à pleines dents. Puis sans attendre, il fit volte-face et se précipita sur le plus proche, la gueule encore pleine de sang. Les hurlements de terreur se mêlèrent aux râles d’agonie, tandis que le monstre s’en donnait à cœur joie : sa silhouette hirsute voltigeait d’un bout à l’autre de la petite armée, grognant et bavant. Ses crocs acérés perforaient les tuniques et les bras, ses griffes plus coupantes que des sabres démembraient ceux qui tentaient de l’arrêter. Il esquivait les coups de fourche et mordait les poings, véritable tempête de dents et de fourrure. Epouvantés, les miliciens s’enfuirent hors de la place, par petits groupes épars. Le wolfen reprit alors son haleine, puis rejoignit au grand galop la bande d’orques qui restait immobile, fascinée par le spectacle macabre : « -Eux partis, jappa la bête, encore ébourriffée. Mais bientôt revenir, pas de temps à perdre. -Il a raison, approuva Navregen. On détale vers nos chevaux, et on s’en va ! » les montures orques tiraient sur leurs rênes, effrayés par les flammes qui montaient déjà entre les volets brisés de la grande masure. Leurs cavaliers tranchèrent les liens à la hâte et sautèrent sur leurs croupes, les encourageant à s’enfuir, par des cris gutturaux. Déjà de nouvelles flèches sifflaient autour d’eux, à mesure que la milice improvisée, écœurée par le dernier massacre, revenait en hurlant de colère. « -Chaif, regardez ! lança un des archers, surpris et confus. Ces lumières, c’ke c’est ? » Le demi-sang leva ses yeux vers les crêtes des basses collines au nord, et les sombres silhouettes des arbres qui noircissaient encore la nuit opaque. Entre les troncs des pins s’approchaient des flambeaux rougeoyants, des dizaines de torches embrasés qui montaient et descendaient pour les saluer. Des cris de guerre et des ordres aboyés retentissaient, presque réconfortants à leurs oreilles. Navregen avait encore un pied dans l’étrier, une main sur le cou de son cheval, l’autre tenant Swegnine par la taille. Il reposa son pied à terre, et recula d’un pas pour éviter la pluie d’étincelles que crachait l’auberge en ruines. « -C’est la Horde… Qui arrive enfin. » Ils regardèrent les premières colonnes s’avancer, à pas lents d’abord, puis à une cadence effrénée, menée par plusieurs cavaliers impétueux. Les chants barbares s’amplifaient, vociférés par tous les guerriers, soudards et pillards du clan. Navregen jeta sa tête en arrière et les salua : « -Plakdefeeeeer ! » Le petit jour était gris et terne, le ciel encombré de nouveaux nuages d’un blanc sale. Navregen s’écarta de la fenêtre brisée, et referma la boucle de sa longue cape en peau d’ours. Il se retourna vers l’intérieur de la pièce, pensif. La salle était meublée d’un vieux placard dont la plupart des rayons gisaient à terre, renversés. Un tabouret et une petite table étaient rangés dans un coin, avec son casque posé dessus. Loup, le wolfen, était couché devant la porte, bien réveillé. Ses yeux dociles ne trahissaient pas la puissance brute et dévastatrice dont il était capable, et qu’il avait démontrée avec brio la veille. Un vieux lit grinçant en osier, à moitié défait, était poussé à côté de lui, contre les murs de chaux. Il n’y avait pas trop mal dormi. Il était probable que la demoiselle avait eu plus d’inconfort : elle dormait encore, dans un sommeil agité, à la tête du lit. Elle s’était recroquevillée sous une vieille couverture, et frissonait de froid. L’hiver s’était bel et bien installé dans le pays… « -Allons debout, humaine, ordonna t-il. Le soleil est levé depuis longtemps. » Il alla jusqu’à la table et ramassa son heaume, puis l’enfonça sur sa tête, avant de reporter son attention sur sa prisonnière. Elle avait été tirée de ses mauvais rêves, et se releva avec peine, drapée dans son drap et dans sa fierté. « -Vous pourrez fouiller les koffres de cette barak, proposa Navregen. Probable ke vous trouverez une robe moins déchirée ke celle ke vous portez pour l’instant. -Une robe que sa légitime propriétaire ne risque plus de porter, on dirait, reniffla t-elle. -K’en sais-je, moi ? C’est la guerre. -La guerre vraiment ! Mais aussi le pillage et la rapacité… Votre clan s’est comporté d’une manière ignoble hier soir. -Je vous rappelle ke ces gueux n’étaient pas bien attentionnés, eux non plus. -Ils défendaient leur foyer ! Vous, vous êtes venu, et qu’avez-vous fait ? -On a fait ce k’on sait faire de mieux : konkerrir et vainkre. -Au diable votre orgueil de tueur ! Vous avez massacré combien d’innocents cette nuit ? Vous avez fait combien d’orphelins ? Combien de femmes cette nuit ont été… -N’en rajoutez pas, hein ! Je n’ai rien voulu de tout cela ! Vous komprenez ? Je n’ai fait ke sauver ma vie, et la vôtre, par-dessus le marché. J’ai suivi les lois de la guerre, telle ke tout le monde les pratike, mêm vous humains, alors ne faites pas tant la fière ! D’ailleurs, vous, vous vous en êtes plutôt bien sortie dans cette affaire. Personne n’a porté la main sur vous que je sache… Et je kontinuerai à y veiller, pour peu ke vous vous montriez un peu plus kompréhensive. » Sur ce, il se dirigea vers la porte, posa une main apaisante sur le haut du crâne du wolfen et ouvrit le battant. « -Tout ce ke vous prétendez sur vous n’amène à rien, lui reporcha t-elle. Vous ne valez pas mieux ke les autres, koi ke vous disiez. -Ce n’est pas à vous d’en juger. -Vous êtes komme les autres ! Si vous êtiez leur chef, vous auriez pu imposer votre vision des choses, et éviter tout cela. » Navregen se retourna vers elle, piqué au vif : « -Je suis le chef des Plakdefer. Mais diriger un konseil de klan n’est pas chose aisée ! Venez avec moi. -Pardon ? -Venez ! Vous allez m’akkompagner, et vous vous ferez une juste idée de ce k’il en retourne. Mais restez près de moi, et évitez de faire entendre votre voix aussi belle k’insolente ! » Tressolid acheva d’enfiler son haubert, une large tunique de mailles de fer qui aurait bientôt besoin d’être reprisée, et passa par-dessus son sarrau brun. Il ne lui restait plus qu’à sangler les quelques plates d’acier à ses bras, et à boucler son baudrier. Il tourna sa tête labourée de cicatrices vers la grande bâtisse que Navregen avait réservée pour sa nuit : il s’agissait sans nul doute de la ferme la plus vaste du village, un grand bâtiment de deux étages flanqué d’une grange. Lui avait du se contenter d’une des bicoques en torchis et au toît de tourbe qui constituaient la majorité des habitations du hameau. Il quitta sa position assise pour s’étirer en faisant grincer ses pièces d’armure, et fit même quelques pas sur le sol de terre battue. Il avait fait froid cette nuit, après toute l’agitation de la veille. Malgré les nombreuses pelisses dont il s’était recouvert, fourrures de loups, d’élans et d’ours, il avait souffert du gel. Toutes les marques encore fraîches dans sa peau et sa chair l’avaient torturé d’une douleur lancinante, et ce n’était que maintenant, bien réveillé et réchauffé par son sang, que la souffrance le quittait. L’arrivée de ses lieutenants favoris interrompit ses déambulations : « -Chaif, va falloir voir komment k’il faudra s’organiser pour les jours à v’nir. Podfair est d’jà entré dan la grand’barak, é l’Nédacié é en ch’min. -Ouais, on va y’aller, grogna l’Hoborque, en fermant son ceinturon. Passe-moi mon épée. -Vous allé tenté kek’choz ? -Non, Fratrissid, rien d’plu ke c’ke j’fé d’puis ke j’susi né : défendre l’avenir d’not sang. » Il se doutait bien que cette explication ne satisferait pas ses admirateurs. Il observa les quatre-cinq jeunes soldats qui lui rendaient son regard inquisiteur. Tous ces apprentis chefs, jeunes loups ambitieux, oscillaient entre la crainte et la confiance. Il se devait de les rassurer quant à ses propres capacités de commandement. « -J’vé taché d’nous obtenir c’ki nou faut : d’autr’z bagarres, et du butin plus grand ! Une bonne plank aussi, pour garder tous ces trésors k’on amassera. L’jeune demi-sang semble pas y penser. Rassemblez vos orks, et veillez à c’k’ils soient bien armés. Faut k’en kas d’besoin, ils puissent appuyé mes z’arguments. -Og, chaif. » Novlam resta en arrière, et attendit que tous ses acolytes aient quitté la pièce. Tressolid le jaugea, surpris par son attitude effrontée : « -K’es t’attend pour exékuté mes z’ordres ? -Fait’exkuz, chaif, koz ke ma sœur veu vous parlé. -Ta sœur ? rikana Tressolid, surpris. Tu sé c’ke j’en ai à faire de té histoires de famille ? -C’pas lé miennes, chaif. Cé les vôtres. » Il y avait dans le ton de sa voix une nuance de sarcasme qui n’échappa pas à l’Hoborque. « -Fé attention à c’ke tu dis, jeune sang. -Vou z’aussi, chaif. Ma sœur, c’mon affaire. Si kelk’un doit la r’mettre à sa place ou la tuer, c’est moi k’ça r’garde, pas vou. Pour l’reste, aukun ork peut s’permettre d’lui kracher d’sus sans k’j’m’en mêle. -Dis-donk l’avorton, pour ki tu t’prends ? j’te rappelle, mikrob, ke j’tuais des trolls alors ke t’étais enkor même pas né ! -Justement, chaif. Oublié pa k’vous perdé d’votre verdeur avek l’âge. Le temps joue kontr’vous, mé il é avek moi. Sans vos orks de main, vous seriez plus un dé pilié d’la hord, mé juste une relik du passé, exaktement komme Podfair. Alors oublié pa à ki vou d’vé votre place, chef. Salut, chef. » Novlam partit, balançant sa masse d’armes sur son épaule. Tressolid serra les poings, prêt à lui fendre la tête en deux, mais le lieutenant s’écarta de l’embrasure de la porte pour laisser entrer une jeune orque, et fusilla du regard son supérieur avant de sortir. La nouvelle venue claqua la porte derrière elle. Elle portait une longue tunique serrée à la taille par une ceinture de corde, deux bottes en cuir d’auroch et un petit bouclier rond de facture svedingar, sur lequel étaient encore peintes les armoiries de la famille de Swegnine. Une hache était passée dans sa ceinture et se balançait à sa taille. La drôlesse portait une épaisse tignasse sombre, noire comme les ailes des corbeaux, et les traits anguleux de son visage bourru étaient à peine plus fins que ceux de son interlocuteur. Elle avait une forte carrure, des proportions harmonieuses mais généreuses, et des muscles saillants à fleur de peau. Campée sur ses deux jambes, elle n’arrivait qu’aux épaules de l’Hoborque, mais cela ne l’empêcha pas de le toiser de haut en bas, les yeux brûlants de colère et de dégoût : « -Tressolid, hein ? Kel nom t’konviendré désormé, grand machin ? -J’en ai assez d’cé bestioles ki m’tutoient é m’menacent ! grogna Tressolid. K’es-tu m’veux é explike-toi, avant ke j’te brize ton sourire ingrat ! -Tu m’rekonné pa, tête vide ? -Non mé tu vas vite m’donné ton nom avant k’t’é plu d’dents ! -J’é pourtan passé bien dé nuit avek toi ! Oué, c’été moi ! J’me rappelle enkore lé fanfaronnades du tout-puissant Hobork : konkerrant des terres, menant notre hord de konketes en konketes ! Permet moi k’dé konketes, t’en as eu k’une depuis des années, elle est d’vant toi, et elle se d’mande bien c’ke tu vaux enkor ! » Tressolid restait abasourdi, accusant le choc. Du point de vue flatteries, elle ne valait pas mieux que son frère ! Il hésitait toujours, se demandant si sa rage venait du ton acerbe de la guerrière, ou du mépris qu’il lisait dans ses yeux bruns. Mais il ravala son courroux, prenant conscience qu’elle ne bravait pas son autorité sans raison. Il voulait savoir où elle voulait en venir, cette aventurière peu scrupuleuse et intrépide. « -Kes’ke j’auré du fair d’apré toi ? -Ki l’auré kru ! ricana t-elle, amère, en croisant les bras. Le brave Tressolid ki demande konseil à une ork. On aura tout entendu. C’ke t’auré du faire ? Mé sombre aveugle, t’auré du tué c’balour de Navregen d’puis belle lurette ! T’es l’seul ki mérite de dirigé cette hord, le seul tu vois ? J’komprend même pas komment c’demi-sang y é arrivé jusk’à aujourd’hui. -Ce s’ra bientôt fé, j’te l’garantis. Et on r’partira aussitôt d’guerre en guerre, komme autrefois. Tu t’rappelles nos soirées enflammées, dans les ruines dé villes z’humaines, tous deux sur un lit d’pièces d’or ? -T’as toujours rien kompris, vieux fossile ! J’en ai plus rien à fiche dé kombats ! Tout c’ke j’veu, c’é k’on s’poz un peu, pour soufflé. Tu peux komprendre ça ? Oh non ! Bien sûr, Tressolid n’a besoin d’l’aide de personne ! Lui, il s’battra jusk’à sa mort, hein, et provokera celle des autres, mais rien à fiche ! T’as tout faux alors, si tu penses kommander un klan komme ça. Pourkoi tu krois ke j’sois venu te parlé c’matin ? Pour te remué, sauvé ton avenir, notre avenir ? Mé ke tu fiches en l’air tes chances de devenir chaif de klan, je m’en balance ! Tout c’ki kompte pour moi désormé, c’é l’avenir de not’fils ! Ça et rien d’autre. -Notre…Notre fils, tu dis ? K’es-tu m’chantes là ? -Hé ! Komment tu krois k’lé z’orks viennent au monde, « chéri » ? -Et komment saurais-tu… Tu es sûre ? Et c’est un fils ? -Oué j’suis sûr, mou d’la cervelle. Et oui c’t’un fils, j’en mettrai ma main au feu. Un fils ki aura du mal à être fier d’son père, vu komme c’é parti. Pour ton info, j’suis pas la seule d’la troupe, et on kommence à s’demande vers ki s’tourner. Parske ni toi, ni Navregen, ni aukun autre Hoborque n’a l’air de l’avoir remarké, ou d’sen soucier. En tout ka j’tauré prévenu. Si tu veux kompté sur moi et mon frère, faudra agir en konsékence. Koz k’il s’inkiète aussi pour son rejeton, lui. -Arrh ! J’en é assé entendu ! » Tressolid souleva son épée, ivre de rage, et l’abattit de toutes ses forces, mais la jeune orque, bien plus rapide et agile, avait prévu l’assaut. Elle sauta de côté et lui décocha un coup de pied en pleine épaule droite, le projetant à terre. L’Hoborque se relevait aussi vite que possible, malgré les kilos de métal pesant sur sa poitrine, mais le fil tranchant d’une hache se retrouva devant son cou : « -Tu n’é pas si vieux k’on le dit, murmura la guerrière en posant un pied sur son torse et en se penchant vers lui. T’é juste épuizé, kom nous tous. T’as méchamment pris, pendant la traversée d’la rivière, pas vrai ? Mé y’avait k’ta kompagne pour s’en rendre kompte, vu k’tu te plastronnes de métal plus ke n’importe kel autre. T’é un vrai Plakdefer ? Ben si tu veux l’resté en vie, faudra kompté sur nou. -J’y songeré… -Ah ! Et n’oublie plus mon nom. Larka, pijé ? Larka, souviens t-en. » Oh, je m’en souviendrai, pensa Tressolid, en regardant les formes vigoureuses, nerveuses, de la jeune orque quitter la baraque. Personne n’avait pu assister à la scène. Cela valait mieux. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 9 juin 2008 Partager Posté(e) le 9 juin 2008 Hop la petite déculottée par une fille Effectivement, c'est mieux pour lui qu'il y eut personne parce qu'il l'aurait peut être tué au final ! Question d'orgueil j'imagine !! Pour le reste, ils s'en sortent plutôt bien du village même si quelques pertes sont à déplorer. Le wolfen passe enfin à l'action et se fait plutôt plaisir ! On apprend aussi que Tressolid est pas le seul à préparer une mutinerie donc voyons comment tout ça va finir ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 9 juin 2008 Auteur Partager Posté(e) le 9 juin 2008 (modifié) Eh oui, on a développé un peu la psychologie ork ( pas trop hein, juste le fait qu'ils ont de l'amour-propre en fait ). Quand aux velléités de révolte, cela va finir comme ça ( la suite quoi ) : Tressolid se remit sur pied, et se dirigea tout droit jusqu’à la vaste ferme, dont il défonça la porte d’un coup d’épaule. La plupart des orques rassemblés dans la pièce commune tournèrent la tête, surpris, et le regardèrent prendre sa place dans le cercle, sans commentaire. La plupart des élites de la tribu étaient là, bien sûr. Podfair s’était fait installer sur un pile de vieilles couvertures effilochées, assise en tailleur, sa longue poutre qui lui servait de canne à portée de main. Elle se curait les dents d’un ongle, l’air pensive. Nédacié s’était placé à l’écart, entre deux chaises renversées, et rassemblait ses robes rapiécées sur ses épaules, en claquant des dents. Sa main droite servait son cher bâton avec nervosité. Deuzelle, aussi taciturne et renfrogné que d’habitude, se tenait jambes écartées, mais dans le dos, immobile, derrière une table jetée en travers de la salle. Assis derrière cette table, Navregen était en grande discussion avec deux Hoborques. Le plus massif des deux protestataires ne portait pas d’armure, mais sa peau couturée et son visage barbare, recouvert de tatouages bleu vif, témoignaient de son état de berserck. C’était un art de la guerre qui refleurissait peu à peu chez les Plakdefer, après les derniers combats. Quelques bandes de combattants exaltés avaient renouvelés les anciens rites, et ce colosse de chair semblait être leur meneur. Derrière le dos de la chaise, l’humaine que Navregen avait récupérée lors du pillage de la forteresse écoutait la discussion, effrayée. Elle se cramponnait au dossier, et ne soufflait mot. Les exclamations allaient bon train : « -Et moi j’vous dis, répéta le semi-orque, k’il n’est pas kestion de s’attarder ici plus longtemps. Il est temps de reprendre la route. -Oué, pour allé ou, chaif ? se rebella l’un de ses interlocuteurs. On é tré bien ici, on aplin d’nouvo z’esklav, é on é sur de gardé plin d’butin ! -Oué, c’é éviden k’y’ dé karavan é dé marchan ki viennent souvan dan l’koin. Y’a plu k’a les attendre é à tou raflé ! -Mais sombres idiots, vous croyez ke notre passage ici est resté inaperçu ? Les fumées des incendies ont du être repérées de loin ! Et même si elles avaient été ignorées, la disparition des convois finirait par faire rameuter ici toute une expédition militaire ! -La bonne blag ! On s’en chargeré, tien ! C’pas un peu d’bagarre ki effraie un vré ork ! -Vous voulez de la bagarre ? Je vais vous en donner, mais pas ici en pleine kampagne ; on kontinue vrs l’est, et vous serez servis ! -Vers l’Est ? s’étonna Podfair, s’insinuant dans la conversation. Pourquoi vers l’Est ? -C’est la meilleure option, décréta Navregen. -C’est l’royom dé z’oreilles pointues à l’Est, grogna l’un des Hoborques. -Oué ça sent pas bon, renchérit l’autre. -Z’avez peur dé z’elf ? ricana une voix dans l’assistance. -Toi, tu vas voir ta… -Silence ! ordonna Navregen. Les Elfes sont le kadet de mes soucis. C’est vrai, un vrai ork n’a pas à les kraindre. Et si on peut l’éviter, on se battra pas kontre eux. -On a une revanche à r’prendre sur eux ! protesta Deuzelle, intéressé. J’kroyé k’c’été pour ça k’on filait droit sur leurs frontières ! -On a une revanche avek un dragon, corrigea Navregen. Voilà c’ke je vous propose : tuer l’meurtrier d’Karman… -C’é impossible ! hurla un orque. -Quoi ? Le dragon ? bégaya Nédacié, secoué des pieds à la tête. Mais c’est une idée… -Tuer un ver hein ? s’esclaffa Tressolid. Voilà donk c’k’il mijotait… -C’t’un exploit ki dorera l’blason dé Plakdefer, se justifia le sang-mêlé. Ous pouvez kroire ke c’é un rêve absurde… -Un peu ouais ! vitupéra le premier Hoborque. C’te bête j’l’é bien vue d’près, et si elle a tué l’vieux Karman d’un kou, j’donne pas cher d’not’peau à tous ! -Le klan peut en venir à bout, assura Navregen. Evidemment, un ork seul n’a pas la moindre chance, mais une tribu unie… -La tribu cherche pas la mort ! protesta Podfair. On veut… -Quoi ? demanda Navregen, piqué au vif. Alors vieille ork, on se décide à s’rebeller ? Vas-y, parle ! Ke veut la horde, d’après toi ? -La… Les Plakdefer veulent un foyer, rétorqua t-elle. On veu un lieu sûr pour gardé not’butin et pour s’poser cet hiver. Les konkêtes, on lé fé à la belle saizon. Il é gran temps d’s’arrêté pour c’t’année. » Tressolid croisa les bras, captivé par le déroulement des événements. Novlam et sa sœur… Comment s’appelait-elle déjà ? Avaient donc raison. Podfair était avec eux, et avec tous les mollassons de la bande. Mais après tout, l’idée n’était pas mauvaise : laisser les plus faibles et les moins combattifs en arrière, en réserve, dans un repaire à l’abri, et poursuivre les victoires entre vrais guerriers, c’était une idée qu’il trouvait de plus en plus intéressante. « -On en a déjà parlé, j’krois bien, protesta Navregen. J’ai dit k’on s’en okkuperait plus tard. -Et kand ça ? répondit la matriarche, du tac-au-tac. C’é l’heure maintenant d’mettre un frein, avant k’le gel nous emporte tous. -Et où veux-tu k’on le fasse ? s’emporta le demi-sang, en se levant brusquement de sa chaise, les yeux rougis par la colère. On est au beau milieu d’la plaine du Flot-Vif. Y’a pas une kolline à plus d’deux semaines de marche à la ronde. Au sud on n’a k’des royaumes humains solides, ou des forteresses naines aux murs trop épais pour nous aujourd’hui. A l’ouest, c’est la guerre entre les tribus ennemies, et j’vous rappelle k’apparemment, on a tout un klan d’Trémajiks ki nous file enkore au train. Au nord, c’est un hiver toujours plus rude, et les premiers avant-postes des Elfes Noirs –moi j’tiens pas à les r’voir ces gars-là. Restons orks ! Alors kel choix avons-nous ? Plein Est, komme je l’dizais ! Parce ke c’é enkor le moins grand péril pour nous ! -J’en kroi rien ! cracha le berserck. Ekouté, Plakdefer ! On reste ici, et on s’débarrasse d’ceu ki son pas d’ak ! » Navregen dégaina son sabre et retroussa les lèvres, le regard noir : « -C’é toi ki va mourir si t’obéis pas à ton chaif de klan ! -J’é d’jà vu c’ke t’as fait à d’autres. Tu m’fé pas peur, d’mi-sang. J’sé ke j’peu t’vaincre en moins d’deux. -On va vérifié ça tout d’suite. -J’s’rai eureu d’pouvoir piétiner té tripes d’vant ta gueuz, avant d’en faire pareil avek elle et avek tout ceux ki on kompté sur toi ! cracha t-il, en regardant d’abord l’humaine, puis Deuzelle. Si le semi-orque accusa la menace sans broncher, Swegnine ne put réprimer un frisson de terreur en croisant les yeux de ce géant tout de haine et de rage. -Si kelk’un doit s’battre ici kontr’l’demi-sang, c’é pas toi ! vociféra un des capitaines, en portant la main à son arme. J’seré là avant toi. Ce s’ra moi l’chaif de klan ! -Toi railla un autre, hilare. Je l’seré avan toi ! -Nous y voilà, murmura Navregen, la mine sombre. Révolte et ambitions ? Bouger l’esprit de famille. Le klan est déjà mort ! -C’é pas d’ma faute, se dédouana Podfair. Mé j’auré vingt ans d’moins, j’auré été la première à m’élevé kontre toi, gloussa t-elle. Et d’puis longtemps. Lé jeunes d’maint’nant mankent de fierté, pour sûr. -Fermé-la tous ! hurla Tressolid, en sortant du rang. C’moi seul ki d’viendrai l’chaif dé Plakdefer. J’é assé attendu pour ça ! -Oué ? cracha le berserck. J’suis l’premié à passé. Et j’vous tueré ensuite, s’il le faut. Maint’nan, laissé-nous sortir, on a un duel à réglé ! » Il brandit sa framée et à grands coups de moulinets, écarta la foule vindicative. Il fit trois pas dans la grande rue, secouant ses épaules musclées, et aboya à l’intention du semi-orque : « -Traine pas, avorton, k’on en finisse ! » Navregen franchit les rangs grondants des peaux-vertes, sans prendre garde aux ricanements et aux chuchotis. Il rejoingit bientôt son adversaire, suivi par le reste des capitaines. Ceux-ci formèrent un demi-cercle autour des duellistes, et commentaient déjà l’issue probable du combat. Le nouveau rival tourna sa face ravagée vers le wolfen et la jeune fille, qui venaient de sortir en dernier du bâtiment branlant : « -Pas d’koup fourré komme la dernière fois k’un brave s’est l’vé kontr toi, d’mi-sang. Dis à ton monstre d’resté en-dehors d’tout ça. -Tu as entendu, Loup ? cria Navregen. N’interviens pas dans c’kombat. En revanche, kontinue d’protéger koi k’il arrive mon « impératrice ». Jure-le ! -Juré sur mes griffes, répondit la bête, qui avait bien de la peine à se retenir de sauter à la gorge de l’ennemi. -Tu vois, pauvre fou, même si tu parvenais à me tuer, ce dont je doute fort, exposa le sang-mêlé, au moins tu n’auras pas ma captive. -Si tu crois k’un wolfen m’effraie ! rétorqua l’autre. En garde ! » Il se préparait à charger, quand un hululement rauque retentit, figeant tout l’assemblée. Le cri irréel s’achevait à peine que tous se retournaient, épouvantés, vers l’extrémité de la grande rue. Une silhouette hirsute se détachait dans l’air glacé et brumeux du matin. Les rafales du vent n’avaient pas de prise sur sa fourrure rêche et tombante, sa tignasse de longs crins d’un roux ocre qui tombaient de son front rasé pour encadrer son large visage bestial. Aucun des spectateurs, pas même Podfair qui se faisait porter par deux disciples, ne pouvait reconnaître ces yeux chaffouins et cruels luisant tels deux perles noires, ce long museau allongé et fumant, ces rangées de croc à faire pâlir d’envie le wolfen, et cette peau sombre, sale et crasseuse qui recouvrait tout son visage mauvais. L’être était en outre doté d’une solide musculature, à fleur de peau, qui soulevait son armure de cuir épais à chacune de ses respirations haletantes. Il avait deux longs bras arqués, eux aussi couverts de brassards en cuir recouvrant en partie sa toison épaisse, des mains crochues terminées par de longs doigts aux griffes terrifiantes, et qui serraient dans leur poigne ferme une épée courte constellée de symboles cabalistiques. Non, aucun ne reconnaissait ce regard dément, ce corps inoubliable, ce sentiment de terreur et d’inéluctabilité qui émanait de cet individu, à l’apparition aussi soudaine qu’inquiétante. Mais tous reconnurent dès le premier coup le hurlement de haine et de défi qu’il avait poussé. C’était un rugissement qu’il crachait du plus profond de ses entrailles, un cri de guerre jeté à la face du monde. Pendant les longues nuits d’hiver, tous les orks avaient eu l’occasion d’entendre l’écho de cette mélopée sinistre, reverbéré par les collines, et même Swegnine se rappelait de nuits sans lune, où des appels abominables et des chuintements horribles avaient troublé son sommeil d’enfant. « -Un… Un Belluaire ? s’étrangla Nédacié, aussi pâle qu’un linge. Un déicide… -C’en est vraiment un ? demanda Tressolid, sans même savoir à qui il s’adressait. -C’en est un » souffla Loup, aplati sur le sol, les oreilles couchées. D’instinct, il avait compris qu’il avait trouvé plus fort que lui. Swegnine fut si secouée par la vision de ce guerrier de cauchemar, qu’elle se rapprocha inconsciemment du wolfen, cherchant sans doute à trouver quelque réconfort apparent. Le Belluaire ne sourit pas, pas plus qu’il ne rit, pleura ou grogna ; ses yeux, sa gueule entrouverte, rien dans son attitude ne trahissait ses émotions, mais il déclara de sa voix rocailleuse : « -Vous savez ce que nous chassons… Alors montrez-vous raisonnable. Que celui qui mérite la mort, l’accepte. » Le berserck n’écoutait pas les cris effrayés derrière lui, ou bien ne voyait pas le reste de la horde reculer. Tout ce qu’il savait, c’était que son sang bouait dans ses veines. La transe avait commencé, et il devait tuer. Poussant le cri des Plakdefer, il chargea. Droit sur le Belluaire. Sa framée tourbillonnant au-dessus de sa tête. Le Belluaire le vit arriver de loin et esquiva le choc sans problème, puis répliqua à la vitesse de l’éclair. D’une spirale de sa lame, il éventra son adversaire. Le berserck accusa la blessure mais ne poussa pas le moindre cri de douleur. Ramassé sur lui-même, il frappa à nouveau, tranchant quelques brins de la crinière rousse et creusant un sillon dans le sol boueux. Le tueur répliqua d’un revers de ses griffes qui dessina trois ornières ensanglantées dans l’épaule droite de l’orque. Celui-ci tenta d’atteindre son ennemi, mais l’autre reculait sans arrêt, rapide et habile, et deux fois le fer couvert de runes contrecarra les coups de boutoir de l’épée à deux mains. Le berserck administra un coup de crâne en pleine poitrine de son opposant, qui en profita pour planter ses machoires dans la gorge du sanguinaire. Pour se débarrasser de leur étreinte, l’orque frappa un grand coup de taille en plein flanc du monstre, puis le jeta à terre de toutes la force de ses deux bras. Le Belluaire s’écrasa dans la glaise et la neige à moitié fondue, la framée encore plantée en travers de ses côtes. Il n’avait pas desserré ses crocs, et avait emporté la moitié du cou du berserk dans sa culbute. Il cracha les lambeaux de chair et se releva, ignorant l’arme fichée dans son thorax et le flot de sang noir qui dégoulinait sur sa jambe gauche. Le Berserck était tombé à genoux, et hoquetait, essayant de remplir ses poumons d’air. L’autre lui assena deux nouveaux coups de son glaive, en plein cœur à chaque fois, puis tous deux tombèrent l’un contre l’autre, épaule contre épaule, les yeux grands ouverts. Immobiles. « -Vous avez vu ça… chuchota Fratrissid, émerveillé. -Un truk inkroyable… commenta Deuzelle, interdit. -Il a réussi à tuer le Belluaire ! s’écria Nédacié, ahuri. Comment a t-il fait ? » Navregen s’apprrocha des deux corps inanimés, l’estomac encore noué par la peur. Les deux lutteurs se tenaient près l’un de l’autre, on aurait dit qu’ils se donnaient l’accolade. Quelle ironie, vraiment… Puis il bondit en arrière, ses cheveux dressés sur la tête, et un même sanglot d’horreur sortit de sa gorge et de celle de tous les autres spectateurs. Le Belluaire était sauf. Il reprit appui sur le sol, un pied après l’autre. Ses bottes projetaient des éclaboussures de sang, son propre sang huileux qui formait une mare autour de lui. Il se releva, d’abord plié en deux, crucifié par l’effort. Puis sa main gauche saisit la poignée de l’épée à deux mains, et la décola de sa plaie géante. Un nouveau flot d’hémoglobine se déversa, mais il n’en avait cure. Il planta l’épée dans le sol, d’un bon tiers de son tranchant, d’un simple geste de son bras, et garda une main griffue sur le pommeau, une main secouée de spasmes. « -Celui qui mérite la mort… Qu’il la prenne volontiers, ajouta t-il. Qu’elle le prenne ! » Et il bondit en avant, le visage gris, presque voilé par l’agonie, masi encore secoué de râles et de haine ! Navregen para le premier coup de la lame, qui ruisselait de gouttelettes de glace tout le long de son fil acéré. Le Belluaire n’avait rien perdu de sa combattivité et poursuivait la lutte, tailladant, frappant, parant et esquivant les assauts. Le semi-orque était largement surclassé en force brute, et devait se contenter de parer les bottes, de laisser glisser le glaive le long de sa rapière sans espérer la stopper. Il se penchait, se courbait, essayait une feinte mais devait toujours reculer, de plus en plus fatigué. Le monstre se battait de sa main droite, mais bientôt son autre patte griffue entra en action, prouvant que ses griffes étaient bien capables de rivaliser avec l’acier. Navregen devait redoubler d’attention, multiplier ses passes d’arme et toujours reculer, suant sang et eau pour garder assez de recul. Si jamais le Belluaire parvenait à s’approcher assez près, le sabre n’aurait alors plus assez d’allonge pour arrêter ces ongles acérés… Soudain le combat cessa, aussi vite qu’il avait commencé. Les dernières gouttes de sang avaient quitté le combattant fantastique, et ses lèvres murmurèrent encore quelques mots inaudibles. La silhouette aux cheveux de feu tomba aux pieds du chef des Plakdefer, tel un pantin désarticulé. Modifié le 9 juin 2008 par Shas'o Benoît Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 12 juin 2008 Partager Posté(e) le 12 juin 2008 Ben c'est pas mal !! J'ai quand même eu un problème avec la première conversation, c'est que j'ai cru que c'était Tressolid qui parlait aux orcs ! DOnc je me suis dit ca y est y magouille et tout. Mais ensuite j'ai bien regardé et vu que c'était Navregen qui parlait ( je lis à la logique en fait, lisant rarement les noms pour vérifier qui parle ) Enfin bref, ca doit venir de moi ! Sinon pas mal, rebellage dans l'air, bataillage, perdage et combatage super chaud !!! Que du bon même si on apprend pas grand chose et qu'on synthèse plus ce qu'il vient de se passer auparavant @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité chaos rulez Posté(e) le 12 juin 2008 Partager Posté(e) le 12 juin 2008 et bien je pense que la victoire de navregen sur le belluaire va lui permettre de dominer le clan beaucoup plus facilement je crois dans l'ensemble une suite sym,patique et beaucoup plus rapide que les précédante alors vivement la suite Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 5 juillet 2008 Auteur Partager Posté(e) le 5 juillet 2008 (modifié) Je prends du retard, diantre ! Je vais m'atteler à reprendre le cours de mes textes. D'ici là, pour preuve que j'y pense encore, je vous propose d'aller zyeuter une carte de la région et à l'époque de l'histoire de Navregen, faite à l'arrache : http://img368.imageshack.us/my.php?image=navregends3.png La légende est en commentaire. Voilà, vous vous y retrouverez un peu mieux ! Quelques précisions : -en rouge foncé les terres sous domination Elfes Noirs -en vert les terres sous domination Orques ( mais pas unifiées ) -en jaune les derniers fiefs des Dimhors ( une peuplade d'Elfes ) -en gris les terrritoires tenus par les nains -bleu l'Empire humain du Fordaur Les terres en blanc sont celles contestées à cette époque. Là où nous en sommes dans l'histoire, la horde est à la frontière entre la zone 33 et la zone 35 ( au sud du Flot-Vif ). Modifié le 5 juillet 2008 par Shas'o Benoît Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité LE SKINK ROUGE Posté(e) le 31 juillet 2008 Partager Posté(e) le 31 juillet 2008 (modifié) C'est du tout bon Enfin un récit avec des personnages orques . Modifié le 31 juillet 2008 par LE SKINK ROUGE Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 26 août 2008 Auteur Partager Posté(e) le 26 août 2008 Désolé pour le retard, vacances sans ordi oblige. Voilà donc la suite : Il n’en fallut pas plus pour décider tous les lieutenants à remballer leurs cliques et leurs claques, et à décamper de ce village mal famé. Bien plus rapidement qu’il ne l’aurait cru, Navregen fut en mesure d’ordonner la marche forcée versl’Est, et toute la tribu s’enfila à nouveau vers les berges du fleuve, bien décidée à mettre le plus de distance possible entre elles et ces souvenirs terrifiants. Grossie par un apport d’esclaves non négligeable, puisque la quasi totalité de la bourgade avait été asservie, l’avancée de la colonne restait lente et hésitante, dans les plaines cahotantes du pays. Bjorgkuln et ses éclaireurs serpentaient au sommet des buttes et des crêtes voisines, recherchant le moindre signe de leurs poursuivants. Le danger vint là où ils ne l’attendaient pas. La tête de la légion approchait d’un petit bois de sapins penchés, quand les hurlements bestiaux des belluaires retentirent à nouveau. L’avant-garde s’immobilisa, pétrifiée par la terreur. « -Où sont les kavaliers ? tempêta Navregen, en sautant bas de sa charrette. Swegnine, reste là. Loup, surveille-là ! Bjorgkuln ! Où est Bjorgkuln ? » Mais aucun des orques autour de lui n’était en mesure de répondre : non seulement ils n’en avaient pas la moindre idée, masi de plus ils étaient tétanisés par la peur. Le jeune semi-orque sentait lui aussi l’angoisse envahir son cœur, mais il s’efforçait à la chasser. « -Rassemblez-vous en lignes, Plakdefer ! Levez vos boucliers ! Souvenez-vous comment combattre. Ce n’est qu’un adversaire de plus ! » Il achevait à peine sa phrase qu’une flèche abominable, longue de près d’un mètre, transperça le pavois d’un hoborque et poursuivit sa course pour se planter dans le plastron d’acier de sa cible. Le sergent orque poussa un gargouillis de douleur et tomba à la renverse. « -Silence, tas de larves ! hurla Tressolid. Reformez les rangs ! -Les hommes se débandent ! gémit Novlam, derrière lui. Que doit-on faire ? -Je reculerai pas… Un demi-sang a pu en tuer un ! De quoi avez-vous peur ! -C’est que… Les Belluaires… -Cognez nos gars s’ils le faut, mais arrêtez cette débâcle ! » Deux nouveaux traits se plantèrent dans le sol, au milieu des rangs clairsemés. Les piétons lâchaient pied, abandonnant chariots et esclaves derrière eux. Podfair, du haut de sa carriole, tenta de hurla par-dessous la cohue pour rétablir le calme. Si la panique emportait le reste de la colonne, la déroute serait complète ! « -Arrêté, bande d’abrutis ! Revenez ! » Le cri épouvantable déchira à nouveaux les yeux, les nuages eux-mêmes se convulsionnèrent sous le choc. Aussitôt la horde se figea, interdite. Tous les regards se tournèrent vers l’avant, car les sombres silhouettes des Tueurs apparurent. Ils étaient douze, douze Belluaires portant d’horribles cicatrices sur leurs faces. Ils avaient dû errer de longues années dans les steppes farouches du nord, le long des collines escarpées, et même dans les glaciers impénétrables du Grand Nord. Ils étaient vêtus des mêmes haillons loqueteux que leur éclaireur, mais leurs yeux dantesques effaçaient cette apparence miséreuse. Tout ce qu’on retenait d’eux en les voyant, c’était leur détermination à exterminer. Deux des tueurs portaient des arcs gigantesques, presque aussi hauts qu’eux-mêmes, et leurs compagnons déchargèrent des fagots de javelots à côté d’eux. Voilà ce qui leur servait de munitions ! Le chef des Belluaires, un spécimen à la crinière rouge et aux canines surdimensionnées, trotta jusqu’à portée de voix de la première ligne de la horde. Les éclats rauques de sa gorge tintaient tel le métal : « -Vous avez tué un des nôtres. Mais ce n’est pas le pire. Je vous crois déistes ! Si je trouve en vous la preuve d’une croyance, alors vous êtes mort ! » Navregen le regarda s’approcher davantage. Il semblait parfaitement conscient qu’aucun orque n’oserait lever la main sur lui. « -Ke peut-on fair, chaif ? demanda Nédacié, blanc comme un linge. -Rien du tout… J’espère seulement k’il ne trouvera rien ki ne lui déplaise. -Vou voulé dir’k’il va inspekté chak membre de notre hord’ ? -Il en serait bien kapable. -Esklaves kompris ? -Est-ce ke je sais ? » Le meneur des Belluaires remarqua leur conciliabule et marcha droit vers eux, babines retroussées. Les premiers rangs de guerriers refluèrent de manière précipitée. Il ne restait plus auprès de Navregen que le chaman, Loup et Swegnine, tous les trois prostrés dans la charrette de tête. Le conducteur avait pris la fuite, ainsi que le reste de l’escorte. A vingt mètres derrière, Tressolid et Novlam regardaient, statufiés par la crainte. « -Qui est le CHEF de cette BANDE de pouilleux ? » cracha le Belluaire, l’œil mauvais. Les intonations de sa voix montaient et descendaient, sporadiques. « -C’est m-moi, bégaya Navregen, incapable de retenir le tremblement de sa voix. -AVOUEZ maintenant, et cela vous EPARgnera une mort HORRIBLE ! -Que dois-j-je avouer au j-juste ? -Une dévotion à un SECOND, par exemple, ou une religion QUELCONQUE, une AFFILIATION à des ESPRITS ! Nous trouverons les preuves de VOTRE hérésie ! » Le Belluaire s’était planté devant le semi-orque et le renifflait, visiblement dégoûté : « -Nous TROUVERONS les preuves de votre crime. -En q-quoi la religion serait mauvaise ? -Ne jugez PAS les JUGES ! Nous savons les menSONGES des démons, et nous SAUVERONS vos vies, même si le PRIX est la mort. » Il sauta au bord de la charrette, une lueur cruelle dans le regard. Loup, tous muscles tendus, grondait en sourdine. « -Aha ! Vous AVEZ apprivoisé un WOLFEN ? Quelle folie ! Calmez-le, ou je le TUE tel un chien galeux ! -Paix, Loup, intima Navregen. Ke kroyez-vous trouver chez mes compagnons ? Nous ne kroyons k’en notre bonne fortune ! -Presque un AVEU, ricana le Belluaire. Et ce bâton, à QUOI sert-il ? -Pour mes expériences, bafouilla Nédacié, livide. Il n’a rien de… -Ces inscriptions sur le manche, des LITANIES, des prières ? -Je ne sais pas ! Non, ce sont des signes ! Des souvenirs de notre marche ! protesta Navregen. Ils jalonnent ma vie, me rappellent les événements… -Peut-être, avoua le Belluaire. Mais la SORCELLERIE est un DANGER en soi pour l’âme… Car les démons MENTENT par la magie… » Son regard s’arrêta sur Swegnine. Il observa l’humaine, la remarquant pour la première fois. Il eut un rictus de surprise. « -Une Humaine ICI, avec vous ? » Il examina la chevelure de la captive, ses yeux, sa gorge. « -Avec cela ! » Il pointa une griffe d’une propreté parfaite vers la poitrine de la jeune fille, sur laquelle brillait un petit médaillon en or. L’ongle d’acier du monstre s’approcha un peu plus : « -Je VOIS l’effigie d’Atthur sur ce PENDENTIF, la preuve que je cherchais ! -Laissez-la ! rugit Navregen, en sautant dans la charrette ; LE Belluaire lui administra une giffle retentissante qui l’envoya mordre la poussière : « -Silence ! PARLE, humaine : qu’est Atthur POUR TOI ? -Atthur, sanglota Swegnine, en se réfugiant au fond du chariot, est mon Seigneur et Maître… -La preuve ! glapit le tueur, triomphal. La PREUVE ! Voici l’ABSOLUTION ! » Loup bondit en avant, espérant refermer ses machoires sur la gorge de l’assassin. Mais d’un seul geste, l’inquisiteur avait estomaqué le wolfen, l’avait projeté hors de la carriole d’un coup de pied ; sa main gauche avait plaqué la femme sur le plancher et la droite tenait déjà un long couteau sacrificiel en obsidienne. Le sifflement caractéristique d’une flèche vibra aux oreilles de Navregen qui se relevait, la joue encore brûlante. La pointe, le manche et les pennes s’enfoncèrent entre les omoplates du monstre, sans lui arracher le moindre cri de souffrance. Il eut une seconde d’hésitation, le temps pour Swegnine de lui décocher un coup de pied dans le genou droit, et se laisser tomber à l’arrière du char. « -Qui OSE s’opposer au juste châtiment ? vociféra le Belluaire, en se retournant en direction du tireur invisible. Qui… » Une seconde flèche siffla, frappant son œil droit. Cette fois, le Belluaire eut un frisson de douleur, mais il arracha le projectile et le jeta à terre. « -Attaquez, mes frères ! Pas de pitié ! » Aussi désemparés que lui, les onze autres meurtriers reprirent leurs esprits et laissèrent tomber arcs et javelots pour courir vers les orques. C’est alors qu’on put voir d’où venaient les tirs providentiels. Se révélant aux abords d’une ribambelle de buissons épineux et secs qui jonchaient une colline voisine, cinq archers aux arcs précis sortaient de leurs cachettes. Ils portaient de longues capes grises et des capuchons mouchetés, qui imitaient à la perfection le sol gelé et herbeux de la région. Cinq flèches frappèrent en plein les sbires du meneur, tandis qu’une sixième venait se planter cette fois dans son cou. « -Jamais… Des bouts de BOIS ne m’arrêteront ! Tuez ces maudits embusqués ! » Obéissant à son injonction, ses onze suivants se mirent en route à toutes jambes vers les cinq tirailleurs, qui s’enfuyaient déjà en décochant tir sur tir. « -Quant à vous, éructa le Belluaire, en titubant vers Navregen,Swegnine, Nédacié et Loup qui s’étaient réunis, vous ne m’épchapperez PAS… -Un instant ! » La voix qui venait de l’arrêter dans sa diatribe se révéla bientôt en plein jour. C’était le sixième guetteur, camouflé dans l’ombre d’une souche renversée. Il se leva de son abri, et rangea son arc dans son carquois. Son visage était toujours caché par sa capuche sombre, quand il déclara : « -Je suis Ezelduin d’Holorion, c’est moi qui vient interrompre ton office, bourreau ! J’adore Ksandrot, qui est le Tout-Puissant et le Père Eternel, je révère Asslanquo pour ce qu’il fut et ce qu’il peut être, et je crois en Atthur notre Seigneur à tous ! » Chacun de ces mots était un coup de couteau dans le cœur du Belluaire qui vacillait sous la profession de foi ; ses doigts blanchirent, crispés sur le manche de son arme cérémonielle. « -QUELLE abomination ! -Je viens pour tuer les racailles dans ton genre qui sont une injure à la création ! Aussi, viens si tu l’oses, monstruosité du Nord. Je saurai t’inculquer la piété à grands revers d’épée ! » Le Belluaire se rua, la bave aux lèvres, vers ce nouvel adversaire. Le mystérieux archer retira sa capeline, révélant des cheveux d’un blond iridescent, des oreilles fines et pointues de chaque côté de son visage sévère mais harmonieux, deux yeux d’un bleu pénétrant et une peau lisse, sans la moindre ride. Il portait une cotte de mailles fines, forgée avec art, ainsi qu’une targe en ferhor martelée de glyphes anciens ; il laissa tomber carquois et arc et dégaina de son fourreau une longue rapière à la garde stylisée, puis se mit en garde. Navregen, Swegnine et tous les autres avaient oublié le reste des agresseurs qui s’éloignaient déjà vers le Septentrion, à la poursuite des archers. Ils n’avaient plus d’yeux que pour les deux combattants qui se jaugeaient du regard, avant d’entamer le duel. Les spectateurs s’approchèrent, captivés. Le Belluaire porta le premier coup, poussant un ululement à faire dresser les poils, mais l’elfe feinta puis riposta d’un moulinet rapide. Le Belluaire, qui avait déjà perdu beaucoup de sang, clignait sans arrêt de son unique œil valide pour en chasser la sueur. Les traits déformés par la douleur, il chargea son opposant, le percutant de plein fouet. L’elfe tomba à la renverse, executa une roulade et se releva tout en tirant de sa ceinture deux petits disques d’acier barbelé. Il les jeta en pleine poitrine du monstre, qui sursauta sous la douleur mais n’en continua pas moins de frapper. Il avait abandonné son coutelas et lutta avec ses griffes, arrêtant les assauts du sabre. Il cogna une fois, deux fois, tel un marteau, repoussant l’elfe en arrière. Celui-ci sauta sur le côté, frappa le pied gauche de son adversaire et donna un coup de coude dans son dos, là où la première flèche était entrée. Le Belluaire gargouilla quelque malédiction et pivota pour faire face à son ennemi, mais l’autre était déjà reparti hors de portée, sa lame élevée au-dessus de sa tête, prête à frapper. « -Il utilise la même tactique que moi, commenta Navregen. Il l’essouffle et le harcèle. -La seul’méthode fass à sé kréatur, estima Nédacié, qui avait retrouvé un peu d’aplomb. Mé regardé ! » Le tueur avait accéléré sa cadence d’assaut, frappant griffe sur griffe, arrêtant chaque estocade, ignorant les feintes et les pièges. Il avançait, tête baissée, et l’elfe ne pouvait que reculer en faisant tournoyer son arme partout où il devait parer. Il semblait que ses poignets allaient craquer sous l’effort déployé. Bientôt l’acier s’agita si vite qu’il se changea en un serpent lumineux, dansant devant les mains griffues du monstre. « -Pour Atthur ! » L’elfe retomba sur le sol, accroupi, tenant encore sa rapière à deux mains, le souffle court. I lavait exécuté un saut parfait au-dessus de son rival. Une seconde après, la tête grimaçante de la bête roula dans l’herbe humide, mais le corps décapité marcha encore sur plusieurs mètres avant de s’effondrer. Avec un flegme déconcertant, le vainqueur passa son sabre dans l’herbe fraîche pour en essuyer le sang, puis tout en marchant vers le groupe de tête, le rengaina : « -Un coriace duelliste s’il en est, n’est-ce pas ? -Vous vous êtes bien battus, apprécia Navregen. Peut-on savoir… -Vous l’avez entendu : mon nom est Ezelduin, et je viens d’Holorion, la capitale du royaume Elfe Dimhor. Vous avez du en entendre parler. -Oui… J’ai kombattu kontre cette nation il y a peu, répondit Navregen. -Vraiment ? » L’elfe haussa un sourcil, mais ne releva pas la remarque. Swegnine regarda son maître avec inquiétude, mais il poursuivit : « -Ces autres embuskés, ils sont de vos amis ? -C’est l’évidence même. -Vous savé que onze Belluaires sont sur leurs traces en c’moman, dit Nédacié, et c’la n’a pa l’air de vous z’inquiété. -Je leur fais confiance. Je peux, ce sont mes frères. -Vous êtes arrivés à point nommé, remarqua le semi-orque. Grand merci. -C’est tout naturel. Nous vous suivions depuis un moment. Quand nous avons relevé les traces de ces tueurs, nous avons resserré notre protection, et voilà. -Votre protektion ? répéta Navregen. Et peut-on savoir depuis kombien de temps vous nous eskortez ? -Depuis pas mal de temps. Depuis l’épisode de la rivière, vous vous souvenez ? -Je l’savé ! s’emporta Nédacié. J’avé senti une prézence étrangaire. Lé Trémajiks n’auré pa pu râté leur sort à c’point ! -C’est vrai, nous les y avons aidé. Un jeu d’enfant pour un elfe. Une petite impulsion psychique au bon moment a suffi à faire dérailler toute l’incantation. » Le reste de l’avant-garde s’était à present remis de ses émotions, et reformait ses rangs. Tressolid s’avança, l’air bourru : « -Tout ça est bien beau, mais vous n’êtes k’un elfe. Savé vous c’k’on fé aux gens d’votre sang, d’votre fichu race ? -J’imagine que depuis la raclée que nous vous avons infligée ces derniers mois, le temps n’est pas au beau fixe entre nos peuples. Mais il ne faut pas s’arrêter à cela. -Ke voulez-vous ? demanda Navregen. -Voilà un chef tel que je les aime, déclara le Dimhor, un sourire franc aux lèvres. Direct et sans fioritures. Vous avez deviné juste, toute notre action n’est pas gratuite. En fait, moi et mes frères avons de grands projets pour vous. -Nous ne sommes pas des pions ! cria Tressolid. -Je n’ai jamais dit cela, calmez-vous. Je veux dire que nous avons un marché à vous proposer. Mais pour commencer, il faut remettre en route toute votre bande. Dans ces contrées, il ne faut pas trop s’attarder au même endroit. -C’est ke, l’hiver est proche, maugréa Podfair, depuis le second rang d’interlocuteurs. -Dans quelle direction allez-vous ? -Vers l’Est, déclara Navregen. -Vers mon pays. Parfait ! Je vais vous guider sur les sentiers sûrs, jusqu’à ce que nous soyons arrivés à Holorion. Nous aurons tout le temps de parler de mon offre durant notre voyage. -Et vos frères ? demanda Swegnine. Ne les attendez-vous pas ? » Ezelduin tourna son attention vers la jeune humaine et esquissa une révérence dans sa direction : « -Avec tout le respect que je vous dois, mademoiselle, des princes elfes de leur trempe prendraient vos inquiétudes pour une insulte. Ils seront de retour avant la prochaine lune. » Navregen détestait d’emblée ce guerrier sophistiqué et policé. Quand le semi-orque regardait la jeune femme, il voyait un monde plus noble et plus agréable que le sien. Mais quand l’elfe dévisageait l’humaine, il voyait une vie morne, éphémère et dérisoire, pour ainsi dire pitoyable. Le semi-orque avait vite remarqué toute cette pitié qui luisait dans les yeux de l’immortel, et pour cela, il le haïssait. Il n’en accepta pas moins sa compagnie, malgré les regards désapprobateurs des autres chefs de la horde. Aucun d’entre eux n’admettait qu’un elfe puisse se pointer ainsi, et vivre. Depuis qu’ils avaient participé à la grande défaite des orques, ils voyaient dans les immortels les premiers responsables du désastre. Le soir même, la horde atteignait les rivages du fleuve Flot-Vif, et montait les tentes. Ezelduin n’émit aucun commentaire sur les nombreuses esclaves mis à contribution pour faire avancer le convoi, monter le bivouac et s’occuper des menues tâches pour leurs maîtres. Il restait silencieux, observant les Hoborques aller et venir entre les feux, échangeant quelques ordres avec leurs bras droits. Il alla bientôt rejoindre Navregen sous sa tente. Le semi-orque et son entourage l’attendaient avec impatience. Le chef de la horde trônait sur un fauteuil récupéré dans le village humain. Sur sa table, du pain sec, quelques poignées de fèves grillées et plusieurs quartiers de viande salée, ainsi qu’une bonbonne en verre noir dans laquelle reposait un vin mauvais. C’était bien meilleur que l’ordinaire, et il fallait en remercier leurs hôtes obligés de la veille. Deuzelle s’était installé sur un tabouret à sa droite, et avait commencé à mordre dans un morceau de lard fumé. Il tourna sa face sombre vers l’immortel, et déglutit sans émettre d’autre commentaire qu’un grognement. « -Entre, Ezelduin, et prends place, dit Navregen en faisant un geste de la main. -Merci chef, répondit l’elfe. Votre hospitalité est sans doute un gage d’estime. -C’en est un, reconnut Navregen. -Mais cela n’engage à rien, ajouta Deuzelle, en se versant une généreuse portion de vin. -Deuzelle est mon âme damnée, ironisa Navregen. Il a le parler dur, mais il dit souvent tout haut ce ke je pense tout bas. Cependant, j’aimerais assez ke l’on évite de verser le sang à ma table. -Cela se comprend » opina l’elfe, en s’asseillant en tailleur en face d’eux. Loup, aux pieds de Navregen, reniffla bruyamment, et se posta à l’entrée de la tente, la tête posée entre ses pattes. Sa queue fouettait le sol gelé, et sa fourrure roussissait à la lueur du petit feu de bois, juste à l’extérieur. Quant à Swegnine, elle observait la scène avec anxiété, aussi curieuse et intriguée que ses geôliers. Assise sur sa hanche droite, appuyée à la toile de la tente, elle attendait, sur la peau recouvrant le lit. Le chef semi-orque se tourna vers elle : « -Viens toi aussi, Swegnine. » Elle ne répondit pas, mais s’assit à sa gauche sans discuter. Son protecteur éleva alors son verre en étain, remplis à ras bord du breuvage alcoolisé : « -Buvons au repos des guerriers tombés au kombat, et à la gloire des champions à venir. Buvons enfin à notre invité ki semble être un grand kombattant. -Encore merci, s’inclina Ezelduin, et buvons à la santé d’un chef orque si sage et complaisant. Puisse l’amitié entre nos peuples survivre à cette première rencontre. » Ils vidèrent leurs coupes, Swegnine y compris, mais Deuzelle ajouta aussitôt : « -Pas la première rencontre. On s’est sûrement kroisés cette année. -Il y a eu d’autres guerres par le passé, commenta Ezelduin. Pourtant nos nations autrefois vivaient en union autrefois. -Il y a plus de dix milliers d’années, si l’on en kroit les légendes, railla Deuzelle. -Les légendes ont souvent un fond de vérité. Quelles légendes de ces années lointaines subsistent chez les peaux-vertes ? -Podfair pourrait vous en rakonter des hivers durant, répondit Navregen. -J’ai le sentiment, remarqua l’elfe, que la conversation prend un tour qui vous déplaît. » Navregen arrêta Deuzelle du regard, et se contenta d’avouer : « -C’est vrai. Délivrez-nous le message ke vous êtes venu nous porter. -Très bien. Avant toute chose, clarifions ce point : je ne suis pas un héraut. Je n’ai derrière moi aucune armée, aucun puissant seigneur. J’agis pour mon propre compte, et je suis venu vous trouver, avec ma fratrie, pour vous proposer un marché honnête. -Et kel est-il ? » Ezelduin croisa ses mains sur la table et répondit, l’air mystérieux : « -Nous avons un problème, par chez nous. -Chez vous, les Elfes ? ricana Deuzelle. Vous n’êtes donk pas parfaits… -Certains de mes confrères s’estiment infaillibles. Ils ont ainsi permis à un ennemi potentiel de s’installer au cœur de nos terres. J’ai décidé de rétablir la situation. -De ki s’agit-il exactement ? -D’un dragon. -Un dragon ? cria Navregen, se levant de son siège. Vous avez bien dit… Un grand ver ? -J’ai dit : un dragon. » Ezelduin paraissait amusé, presque enchanté par la colère soudaine de son hôte. Navregen contint avec peine le tremblement de ses poings fermés, et se rassit : « -En koi votre problème nous concerne t-il ? -Je vous demande de le tuer ! » Il y eu un mouvement de recul autour de la table, et Loup esquissa un mouvement en arrière, mais en sentant le feu de camp, il reprit sa position initiale. « -Et… Peut-on savoir pourkoi ? interrogea Navregen. -Son nom est Laurion. Il est venu il y a deux cents ans s’établir en plein milieu de notre domaine. Les raids des pirates Elfes Noirs ne suffisaient pas à notre malheur ! Au début, il se présenta comme un dragon mercenaire, ce qui est plutôt rare. Mes pairs virent en sa venue un bon présage, et tolérèrent sa présence. -Si je komprends bien, c’est le seul dragon… Ki soit au service du royaume d’Holorion ? -Que croyez-vous ? Nous n’avons pas un élevage de Ver par chez nous. -Ke nous proposez-vous en échange ? -La vassalité. -Pardon ? -En tant que tribu errante, vous avez peu d’espoirs de survie. De plus, j’ai appris que les Plakdefer, ces dernières années, étaient mal vus par leurs anciens alliés orques. -C’est pour cela ke vous vous êtes adressés à notre tribu ? -C’était une des deux raisons. -Et kelle est la deuxième ? -La première, réctifia Ezelduin, est que le chef des Plakdefer est un semi-orque. Vous en l’occurrence. Ce qui est un gage d’ouverture d’esprit. -Vous disiez ke vous ne vouliez pas d’un ennemi interne ? » Ezelduin parut gêné par cette dernière remarque. Il tapota son assiette avec son couteau : « -Je ne vous proposerais pas de vous établir avec un fief, sur nos terres. D’ailleurs, je vous ai avoué d’emblée n’avoir aucun pouvoir à la cour d’Holorion. Du moins en théorie. Enfin… Il est temps de vous en dire plus. Je ne suis pas le seul a avoir trouvé la présence de Laurion… Pour le moins embarrassante. Nous sommes nombreux à souhaiter sa mort, mais tous nous doutons d’y parvenir. Sans compter que le dragon a été officiellement engagé dans les armées de notre Monarque, et par conséquent, lever la main sur lui serait un crime passible du conseil de guerre. C’est pourquoi, si notre parti veut atteindre ses objectifs, il doit trouver une épée étrangère. J’ai été un des inspirateurs de ce mouvement, j’ai bravé plusieurs fois les avis au Conseil de la Cité, et je me suis prononcé contre mon suzerain plus d’une fois. Je n’ai donc plus toutes mes entrées au palais, masi certains de mes frères, gagnés à ma cause, ont su se ménager des amis à la cour. Quant nous nous sommes sentis prêts, nous nous sommes mis en route, cherchant l’auxiliaire idéal pour occire notre ennemi. Je vais guider votre bras, mais ce sera à vous de frapper. -Et cette histoire de féodalité ? -Je ne peux rien vous garantir. Il va de soi que Laurion mort, nous aurons les mains libres pour faire valoir nos mérites, et les vôtres. Nous ferons peser tout notre poids en assemblée pour vous obtenir les terres de la Solavorie de l’Ouest, une terre arable, austère mais vaste, appuyée sur notre propre royaume. C’est un pays idéal pour vous garder à l’abri de vos ennemis actuels, et pour bâtir une nouvelle puissance, avec notre main tendue. -En bref, nous devrions nous jeter dans la gueule d’un dragon, nous engager à traverser la terre des Dimhors nos ennemis jurés, et cela sans l’assurance d’un butin korrect à la klé ? -Vous avez compris. » Navregen reposa son verre et conclut : « -J’aksepte, mais mes raisons ne regardent ke moi. -Vous m’en voyez ravi, chef. » Ezelduin se leva de table, mais hocha de la tête : « -Une dernière chose : quand nous serons arrivés en terre d’Holorion, je vous conseille de vous défaire de cette lame. Un semi-orque armé d’un sabre elfique n’a pu l’obtenir que par un seul biais, et cela risque de ne pas être bien vu. -Cette arme est la mienne. C’est un trésor de guerre dont je ne me séparerai k’à ma mort. » Ezelduin fit la révérence et s’en alla. « -Je suppose k’il s’en va fureter dans les bois voisins, murmura Deuzelle. -Il est certain k’il ne va pas krêcher au kœur du kampement ork, avoua Navregen. -Mais vous allez vraiment accepter ? hésita Swegnine. Vous voulez tuer ce dragon ? -Je konnais vos raisons, grogna le bras droit. Vous voulez venger votre père. -Un vrai dragon ! Mais même Tressolid n’arreverait pas à en tuer un ! cria Swegnine. -Que viens faire Tressolid dans tout ça ? répliqua Navregen. D’où connaissez-vous ce nom ? -Je l’ai entendu, voilà tout… C’est un des hoborques qui semble le plus fort. -Tressolid, je peux le battre en duel comme je l’ai fait pour tous les autres, dit Navregen. -Vous n’avez rien à me prouver, rétorqua Swegnine. -Et vous, vous n’avez pas à me dicter ma conduite. -Vous êtes cinglé. Un dragon ! Un monstre à l’écaille plus dure que le mithril, à la bave empoisonnante, au souffle fétide et brûlant… -Je sais de quoi il s’agit ! -On ne dirait pas, ricana Swegnine, tremblante. Ou alors vous êtes inconscient ! -Cette humaine me plaît de moins en moins… baragouina Deuzelle, en mordant à pleines dents dans un nouveau morceau de lard. -Swegnine… grinça Navregen. J’ai juré à mon père d’avoir la peau de ce Ver, et je l’aurai. Que cela soit raisonnable ou nom, c’est ma seule raison de vivre pour l’instant. Vous pouvez le comprendre ? » Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 28 août 2008 Partager Posté(e) le 28 août 2008 I lavait exécuté un saut parfait au-dessus de son rival. Juste cette petite faute sinon rien de bien grave. Je suis revenu dedans même si je trouve tes absences trop dérangeantes ! Donc je vais supprimer ton texte sauf si tu postes plus souvent Alors ? En tout cas, on vient d'avancer un grand coup dans l'histoire et on apprend donc que la quête final sera cette chasse au ver. Si ca finit par changer ou pas.. Je le saurai qu'en lisant la suite !! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 28 août 2008 Auteur Partager Posté(e) le 28 août 2008 Désolé mais les vacances sont les vacances... Et une nouvelle absence risque de venir, puisque mon PC ( qui marchait très bien hier soir ) refuse désormais de s'allumer quelle que soit la méthode. j'ai pas encore essayé le coup de poing... Donc la suite quand je retrouve un ordinateur de bonne volonté. Mais merci d'être fidèle au poste. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 27 septembre 2008 Auteur Partager Posté(e) le 27 septembre 2008 (modifié) La Horde continua sa lente progression vers les terres arables de la côte, descendant ce qui était devenu rapidement un puissant cours d’eau encombré de débris d’arbres, de boue et de glace. Le Flot-Vif, engrossi par ses affluents, prenait les proportions d’une véritable barrière naturelle, une frontière délimitant les terres définitivement perdues pour l’Empire Humain, sur sa rive nord, et ses dernières marches septentrionales, au sud. Il fallut attendre deux jours avant que les frères d’Ezelduin ne puissent rejoindre la colonne en marche. Pas vraiment inquiet, ce-dernier avait guetté leur retour avec attention, et il marcha à leur rencontre, de son pas léger, quand il les aperçut enfin en avant de la troupe, remontant le fleuve. Ils étaient épuisés, et pour certains blessés, mais leurs quelques connaissances en médecine avaient suffi à empêcher les plaies de s’aggraver. La nature vigoureuse des Elfes ferait le reste. C’est donc avec la satisfaction du devoir accompli, un brin de fatigue mais beaucoup d’assurance qu’ils rejoignirent l’armée des Plakdefer. Il va sans dire que les Hoborques, et les orques du rang en général, trouvèrent à redire à cette nouvelle jonction. Un Elfe, c’était déjà trop. Mais Sept ! Pourtant, s’ils étaient de retour en un seul morceau, cela ne pouvait signifier qu’une chose : ils étaient venus à bout des autres Belluaires. C’était la seule et unique raison qui retenait la Horde de s’aventurer à les provoquer en combat. D’ailleurs les frères d’Ezelduin restèrent à l’écart, tout comme leur aîné avant eux. Ils se contentèrent de rendre une brève visite de courtoisie à Navregen, pour lui assurer que tout danger était désormais écarté, au moins du côté des tueurs iconoclastes. Mais ils évitèrent de rester trop longtemps dans le campement, et dressèrent leur propre tente à l’avant du reste de l’assemblée. Seul, Ezelduin continua à arpenter le camp orque, pour s’entretenir avec leur chef. C’est ainsi que le soir même du retour de ses compagnons, il se présenta à l’entrée du grand pavillon, avec ses frères de sang. Comme à l’accoutumée, Deuzelle les reçut assez froidement : « -Ke voulez-vous ? aboya t-il, l’œil mauvais. -Nous venons saluer le chef de la Horde, commença Ezelduin. -Je vous konseille de rester peu de temps » rétorqua le capitaine. L’entrevue fut rapide. Les Dimhors firent les salutations d’usage, se montrant somme toute fort courtois avec un chef de tribu orque, quand on songeait qu’une guerre avait opposé leurs pays respectifs quelques mois plus tôt. Swegnine ne perdit pas une goutte des propos échangés, mais Navregen n’obtint que des compliments bien tournés. Après une dernière révérence, les aventuriers Elfes quittèrent le pavillon. Un modus vivendi s’était rapidement établi entre les elfes et les mortels qui les accompagnaient. La route de l’Est se faisait de plus en plus dangereuse, bien que les menaces soient invisibles. Il était certain à présent que les Plakdefer avaient quitté les plaines contestées de l’Ouest pour entrer en plein territoire Svedingar. Les frontières du royaume Elfe Dimhor, impalpables, seraient bientôt franchies. Podfair, installée dans sa charrette, observait de loin les sept Dimhors qui guidaient l’avant-garde. Vautrée sur ses couvertures, elle ne pouvait que suivre le mouvement. L’air se rafraichissait encore, réveillant ses vieux rhumatismes. Elle sentait chaque jour le poids des années peser un peu plus sur sa carcasse, mais elle ne se plaignait pas pour elle. Elle s’inquiétait pour le destin de la horde. A plusieurs reprises, les Plakdefer avaient loué leurs services à un employeur. Souvent, il s’agissait d’Elfes Noirs, parfois d’autres chefs orques. Une ou deux fois, un riche humain avait réussi à les rallier à sa cause, le temps d’une bataille. Aussi voyait-elle la venue d’Ezelduin comme une nouvelle péripétie dans l’histoire du clan, et non comme une nouveauté. Elle n’en restait pas moins perplexe. Il ne s’agissait plus d’une simple alliance de circonstance. D’après les bruits qui couraient, les Dimhors avaient proposé à Navregen de s’installer définitivement sur un fief. Cela pouvait résoudre les problèmes de la tribu nomade, et lui fournir un abri pour l’hiver. Mais Podfair cragnait qu’une telle situation ne soulève aussi de nouveaux conflits… Larka portait un tout autre regard sur les événements. Pour elle, ces individus venaient d’un autre monde. Elle avait beau les regarder à la dérobée, certains soirs, debout à l’écart des feux. Les bras croisés, elle observait les conciliabules qu’ils tenaient entre eux, assis en tailleur. Il était impossible pour elle de ne pas remarquer la beauté des Elfes, la grâce avec laquelle ils aiguisaient leurs sabres ou bien traçaient des glyphes sur des parchemins. Même leurs paroles semblaient mielleuse. Mais elle n’était pas éblouie par tout cela. Elle était indifférente. Ils venaient d’un autre monde, un univers qu’elle ne comprenait pas et qu’elle ne cherchait même pas à connaître. Elle se demandait simplement quelles étaient leurs buts. Au fond de ses entrailles, elle sentait son fils grandir chaque jour un peu plus, et déjà elle redoutait une nouvelle bataille. Il était temps que la guerre soit suspendue, pour quelques mois. Elle se jura de tout mettre en œuvre pour apporter aux Plakdefer ce répit nécessaire, même si cela signifiai de devoir contrecarrer les plans de ces mystérieux combattants. Quant à son frère Novlam, à l’instar des autres leaders du clan, cette négociation avec les Elfes lui semblait la pire des insultes. Tant de membres de la tribu étaient morts lors de la dernière grande bataille contre les Oreilles Pointues, et voilà qu’on les écoutait et les recevait en tant qu’alliés ? Deuzelle également, outré par ce ralliement incongru, conseillait à Navregen : « -Il ne peut rien ressortir de bon de tout cela. -De koi parles-tu au fait ? -Ces elfes. Leur place n’est pas chez les Plakdefer. -Ke veux-tu y faire ? répondit le semi-orque. Ils nous amènent jusk’à ma proie, en nous garantissant un chemin en toute sécurité à travers les plaines d’Holorion. C’est plus ke je n’osais l’espérer. -Il faudrait au moins s’assurer de leur valeur… Être sûr k’ils ne manigancent rien derrière cette façade. Leur race est trompeuse. -Je le sais bien. Nous aurons l’okkasion de voir. » Les jours suivants, le mauvais temps était de retour. Le vent revenait du Nord avec vigueur, chassant les derniers relents de chaleur de l’automne. L’hiver dévorait le ciel cendreux, obscurcissant les nuages. Ils étaient plus noirs que la nuit, mais les paquets de neige qu’ils déversaient blanchissaient la contrée. Nédacié tremblait et grelottait, en serrant autour de lui un grand manteau élimé. Il avait récupéré des morceaux de toile, des carrés de peau diverses et s’était confectionné une pelisse rapiécée, qui couvrait sa tête et ses épaules, pour descendre jusqu’à ses genoux. Il l’avait resserrée à la taille avec sa ceinture. Il avait l’apparence grotesque d’un chaman gobelin déguingandé qui aurait oublié de rester à une taille modeste. Il dérapa sur une plaque de verglas couverte par la neige et se cogna la joue sur le sol givré. « -Par le Soleil ! » jura t-il, en se relevant à la hâte. Appuyé sur son bâton sculpté, il tourna un regard désabusé vers les cieux encombrés : « -On auré d’ailleurs ben b’zoin k’y r’vienne, celui-là. » Il secoua ses bottes en cuir pour en chasser la poudreuse et se remit en marche. Il ne voulait pas perdre de vue la charrette où bringuebalait son attirail. Il avait décidé d’en descendre pour se réchauffer un peu les pattes, mais à présent il regrettait sa témérité. Le sol était glacé, traître. Et une chute était vite arrivée. Autour de lui, des gobelins et des microcéphales gambadaient, s’amusaient à faire des glissades ou à se pousser. Certains s’accrochaient aux jambes des orques, ce qui faisait tomber les uns et les autres. Exaspérés les grands peaux-vertes frappaient les plus petits ou les envoyer valdinguer à grands coups de pied. « -B’zoin d’aide, sorcié ? » Nédacié sursauta et reconnut dans son interlocuteur le capitaine Fratrissid. Il portait une peau de loup qui pendait dans son dos, cachant à moitié son carquois et son arc. Un fils d’Hoborque qui s’était fait archer, ce n’était pas banal. Mais il n’en était pas pour autant moins violent que ses semblables : le nom qu’il s’était gagné était là pour le prouver. Nédacié se rappela qu’il avait coutume de dire : je n’ai pas besoin d’armes de poing, les miens me suffisent. « -Non, ça va, grogna le chaman. -Fé gaffe, c’é pas l’moment d’se kasser la figure. -J’le pense b… Pourkoi ça ? » Fratrissid attrapa son arc par-dessus son épaule et caressa le manche recourbé : « -Paré k’on marche sur Holorion. Mé on a aukune chance d’s’en sortir à nous seuls. Faudra garder toutes nos forces koz’k’y riske d’y avoir du grabuge avant peu. » Nédacié haussa les épaules et se dépêcha de rattraper sa carriole. Il ne savait pas exactement ce qui l’attendrait dans le futur, mais il avait cessé ses expériences. Voir l’avenir lui faisait peur. A vrai dire, il avait peur depuis qu’ils avaient croisé la route des Trémajiks… Fratrissid leva son bras et appela quatre guerriers qui passaient à côté de lui : « -Vous, là, suivé-moi. L’boss Tressolid veu k’on aille chassé et lui ram’né un truk korrekt à manjé. Pas d’diskussion ! » Bien au contraire, les quatres ruffians étaient content de pouvoir se réchauffer un peu, et ils quittèrent la colonne, à la suite de leur meneur. Larka les regarda s’éloigner, perplexe. Ils allaient bientôt entrer en territoire ennemi, et elle doutait que se disperser soit une bonne idée dans une telle situation. Mais ses craintes n’étaient pas fondées. Les diverses équipes de traque revinrent avant la soirée, rattrapant sans trop de retard le reste de la horde. Les gobelins et les esclaves déblayèrent de force une vaste aire sur laquelle tentes et feux de camp s’élevèrent bientôt. Navregen avait demandé à Deuzelle de faire renforcer les murs de son pavillon, et une dizaine de gobelins s’acharnait encore à clouer les toiles, à rajouter des pans de peaux et à ligoter des tentures usées aux endroits élimés. Le froid sifflait encore par les fentes des parois, mais la chaleur d’un petit feu central suffisait encore à rendre l’intérieur chaleureux. Il mangeait en silence, son coude gauche appuyé sur la table bancale. Swegnine, assise à sa gauche, n’avait que peu d’appétit. Loup rôdait autour d’eux, attendant qu’on lui jette l’un ou l’autre bout de viande. Deuzelle, plus taciturne encore que d’habitude, avait avalé en quelques minutes le contenu de son écuelle. « -Tu sembles soucieux, ouvrit Navregen, en mâchonnant un bout de pain dur. Parle. -Je pense k’on a eu bien du mal à arriver où nous en sommes. -Que veux-tu dire au juste par « où nous sommes » ? -Vous chef de la Horde, par exemple. Je trouve… regrettable de gâcher nos efforts pour konserver le pouvoir, sur un koup de tête. -Ce n’est pas un koup de tête, c’est un serment. » Deuzelle haussa les épaules et jeta un coup d’œil vers l’entrée de la tente. « -Il fait froid, nota t-il. -Il n’est pas dans tes habitudes de te plaindre. -C’est vrai, mais il le faut aujourd’hui. Nous sommes une bande nomade, et nous n’avons que peu de bagages. Il va nous falloir penser à des vêtements konvenables pour résister à l’hiver. Les peaux, nos chasseurs en ramènent tous les jours, mais il va falloir les tanner, les traiter, les laisser dans le sel… Avant ke notre tribu ait des tenues assez chaudes, nous serons tous morts gelés. Enfin, pas tous, mais beaukoup. -J’y peux rien, regretta Navregen. C’est pour ça ke notre meilleure chance est de trouver un abri pour la mauvaise saison, un endroit au sec. C’est ce ke les oreilles pointues nous proposent, n’est-ce pas ? -Ekoutez boss, j’ai déjà pas konfiance en un humain -T’as du sang humain, Deuzelle. -Mais j’ai pas d’sang elfe, les dieux soient loués. Alors j’vais vous dire c’ke j’pense. -Te gênes pas, c’est pour ça ke j’te nourris. -Il est enkore temps de faire demi-tour, chef. En s’dépêchant, on aura évité les embêtements avec les oreilles pointues. Y z’ont p’tête pas repéré notre avance, alors si on rebrousse chemin demain, on peut encore atteindre les Kontreforts de l’Est. De là, on pique un castel à une autre band’, et l’tour est joué. -Et komment retraverse t-on la rivière ? ironisa Navregen. Et le Chef Suprême, il va nous laisser revenir sans sourciller ? Les Trémajiks aussi nous attendent. T’en fais koi ? » Deuzelle balaya ces objections d’un geste de la main, qui envoya son heaume rouler par-dessus la table : « -Avec l’hiver, tout cela d’vient ridikule en komparaison. Le fleuve sera pris par les glaces, rien de plus simple pour le traverser. Et aukun chef de klan ne voudra s’risker à nous faire la guerre en plein hiver. On aura toute la saizon pour se rach’ter une konduite auprès du grand boss de tous les klans. » Navregen réfléchit à ces propositions, le front soucieux. Deuzelle n’avait pas tort ; travailler avec les Elfes était sans doute une mauvaise idée. Les deux peuples se faisaient la guerre depuis des milliers d’années, et le sabre qu’il portait à son côté lui rappelait que cette inimitié était toujours d’actualité. Il se tourna vers Swegnine, qui osait à peine croiser son regard : « -Et toi Swegnine, qu’est-ce t’en dis ? -Moi ? trembla t-elle. -On n’a jamais entendu un orke prendre l’avis de… -Je prends avis de ki je veux, répliqua le chef du clan. -D’un esklave passe enkore, mais d’sa konkubine, jamais » cracha Deuzelle. Navregen se leva d’un bond, dégaina sa vivelame : « -T’avises pas d’rekommencer, Deuzelle. T’es mon s’gond, et j’t’aprrécie pour tes kalités au kombat. Mais ma vie privée ne r’garde ke moi, pigé ? -Tu l’as dit, elle regarde ke toi, chef. » Ils en étaient là dans leur discussion, quand l’écho d’un cor de guerre résonna dans le lointain. Les deux semi-orques partagèrent le même regard de certitude : il était trop tard. « -J’ai déjà entendu ce son y’a pas si longtemps, évoqua Deuzelle. -Ouais… On dirait que les Elfes ont tranché à ta place, Swegnine, railla Navregen, l’air pincé. -Les Elfes ? Vous voulez dire Ezelduin ? -Lui ou ceux de sa race, cracha Deuzelle en ramassant son heaume. Allons voir. » Ils sortirent tous trois de la tente, Loup sur leurs arrières. Le chef elfe était posté au sommet d’une colline voisine, avec ses frères. « -On y va ? demanda le second. -On y va. » Arrivés à mi-pente, ils furent salués par Oroferr, le deuxième frère. Il portait une tunique longue, et une petite baguette blanche était glissée dans son ceinturon. Il portait les cheveux longs, coiffés et tressés avec soin. Plusieurs glyphes lumineux luisaient à des emplacements aléatoires de son accoutrement. « -Vous avez entendu le souffle ? demanda t-il sans ambages. -Evidemment, répondit Navregen. Qui l’a lancé ? -Sans doute le capitaine de Fort-la-Hire. C’est un avant-poste tout près d’ici, à moins de cinq kilomètres au Sud. S’il ne faisait pas si mauvais temps, on le verrait d’ici. » Leurs capes furent balayées par un sursaut de vent et de grêle. Navregen avisa Swegnine, qui ne portait que sa robe déchirée, et son cœur se serra. Il dégraffa son manteau de fourrure, et l’en enveloppa d’un geste. D’un rapide coup d’œil, il fit comprendre à Deuzelle qu’il vallait mieux qu’il s’abstienne de commentaire. Ils arrivèrent au sommet de la colline ; c’est là que les immortels avaient planté leur tente, une longue tente en tissu épais et léger qui semblait protéger efficacement leurs effets des éléments. Loup, trempé de la peau jusqu’au bout des poils, s’allongea à l’entrée, sans pousser le moindre gémissement. Ezelduin et ses autres frères observaient l’horizon en leur tournant le dos. « -Par là, supposa Naluin, le benjamin. S’il n’y avait pas ce brouillard… -On les verrait sûrement » finit Ezelduin, juste avant d’apercevoir les nouveaux venus. Il les accueillit d’un hochement de tête : « -Le capitaine Alme Aleam s’avance par ici, dirait-on. -Komment ? Ki l’a prévenu ? gronda Deuzelle. -Personne. Ou lui-même, je suppose. -Il a du voir venir notre marche, proposa Oroferr, en chassant les flocons de neige qui s’amoncellaient sur ses épaules. -Lui ou les mages qui l’accompagnent, sentença Ezelduin. -Ils seront là à l’aube, ajouta un de ses frères. -A l’aube ? Si nous entendons sa corne de brume, répondit Navregen, il faut nous attendre à les voir arriver d’une minute à l’autre. -Non pas, répondit le chef de la fratrie. Ils n’est pas dans nos habitudes de surprendre nos visiteurs de nuit. Le soir est bien avancé, la neige tombe dru. Les chevaux vont être mis à l’abri, ainsi que l’intendance. Je pense que le corps d’armée qui est venu à notre rencontre ne se mettra pas en route avant demain au petit jour. -Evidemment, les éclaireurs nous observent déjà, commenta Naluin. -C’est vrai, jeune frère. Chef orque, je vous recommande désormais la plus grande prudence. Ordonnez à vos gens de rester dans le camp, et que plus personne ne s’aventure. Il y a guerre ouverte entre nos nations, il faut éviter tout malentendu. -Les orques isolés seront rangés dans la liste des agresseurs et tués, expliqua Oroferr. -Sans autre forme de procès, bégaya Swegnine, dont les dents claquaient. -Nous vivons des temps durs, mademoiselle, s’excusa Ezelduin. Croyez bien que s’il ne tenait qu’à moi, tout irait autrement. -Oui, même nos rapports cordiaux, rétorqua Deuzelle. -Je n’en doute pas, mais les choses sont ce qu’elles sont. Nous allons rester avec vous. Avez-vous vu les sentinelles, mes frères ? -Il y en a une en contre-bas, au pied de la colline, répondit un de ses compagnons. A trois cents mètres. -Je le confirme, ajouta Oroferr. Son aura est palpable, malgré la tempête. » Ezelduin hocha de la tête, ce qui fit tomber un rideau de neige. « -Chef Navregen, nous resterons avec vous désormais. Notre présence va garantir votre sécurité, au moins le temps de pourpalers. Je vous l’ai dit, la plus grande circonspection s’impose. Certain des Dimhors seraient prêts à vous chasser hors de nos terres sans sommation, aussi va t-il falloir jouer serré. Je vous demanderai de me laisser plaider à votre place, aussi souvent que possible. -Nous verrons. Si je dois parler, je le ferai. Les Plakdefer sauront répondre d’eux-mêmes. » Sur ce, il redescendit la colline, en gardant Swegnine contre lui. La pauvre humaine, malgré la pelisse trop grande pour elle, tenait à peine debout, ses pieds glacés ne la soutenaient presque plus. Ezelduin regarda le trio, escorté par le wolfen, rejoindre le grand pavillon. « -C’est une bande pour le moins hétéroclite, commenta Oroferr. Je sens en ces semi-orques beaucoup d’émotions enfouies. L’humaine semble partagée elle aussi, entre la crainte et la confiance. Quant au wolfen… Il ne respire que fidélité et violence. Ce sont des combinaisons aussi improbables tant dans le fond que dans la forme… -Oroferr, marmonna Ezelduin. -Pardonne-moi, frère. Mon verbiage t’ennuie. -Pas le moins du monde. Sonde-les tant que tu le voudras, cela peut s’avérer utile. Oui, les choses auraient été différentes… Bah ! Je saurai agir en conséquence. Le capitaine Alme Aleam de Fort-la-Hire, c’est bien ça ? -Je reconnaitrais son cor de chasse entre mille, répondit Naluin le benjamin. -Ce n’est pas un trop mauvais bougre. Si nous le convainquons, nous aurons fait le plus dur, nota un des éclaireurs. -Non, le plus dur sera de persuader la Cour, conclut Ezelduin. Allez dormir, mes frères. Je prends la première garde. Demain sera un jour ardu. » Modifié le 27 septembre 2008 par Shas'o Benoît Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 28 septembre 2008 Partager Posté(e) le 28 septembre 2008 ait simplement quelles étaient le même si cela signifiai de devoir contreca s ?-Ekoutez boss, j’ai déjà pas konfiance en un humain -T’as du sang humain, Deuzelle. Bon ben c'est pas mal ! On avance un petit coup mais on apprend plein de chose. Des buts, des ennuis en perspective... Deja, celui de se hommes de confiance par rapport à l'humain ainsi qu'aux elfes. La rébellion qu'on sent proche. Et le serment qu'il veut vraiment respecter !!! Donc je veux la suite là @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
archaonjr Posté(e) le 28 septembre 2008 Partager Posté(e) le 28 septembre 2008 à quand la rencontre avec le fameux dragons j'ai bien hate de savoir que va etre la réaction des elfes face aux plakedefer alors vivement la suite Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 19 octobre 2008 Auteur Partager Posté(e) le 19 octobre 2008 (modifié) Voilà la réaction tant attendue, et un grand pas vers le dénouement décisif. Désolé pour al trop longue pause de presque 4 semaines. Voilà la suite : Le cor de chasse retentit à nouveau au petit jour, chassant de l’esprit de Navregen tout engourdissement. Il avait donné ses ordres, et tout ce qu’il souhaitait, c’est que les Hoborques aient bien saisi tout le sérieux de la situation. L’ordre du jour était : patience et circonspection. Aucun des peaux-vertes ne devait faire montre de la moindre animosité, car il fallait éviter à tout prix un accrochage. La Horde des Plakdefer aurait peut-être pu venir à bout d’un détachement Elfique, mais le royaume d’Holorion représentait un adversaire bien trop menaçant pour se le mettre à dos. Surtout vu leur situation. Navregen, par précaution, avait interdit aux archers de se positionner sur la colline, alors qu’ils s’apprêtaient à le faire. Il conseilla vivement à tous ceux qui avaient un peu d’autorité de tenir leurs orques. Podfair relaya l’ordre, car elle ne redoutait rien plus qu’une nouvelle bataille contre les elfes, ces guerriers fuyards et habiles à l’arc. Tressolid se vit attribuer la protection des esclaves et leur surveillance. C’était un rôle important qui aurait pu être pris pour un honneur. Il rassembla les prisonniers et captifs à l’arrière de la colonne, encerclés et enchaînés avec soin. Ses plus fidèles lieutenants avaient entouré la masse des malheureux, encadrés par leurs sbires. Novlam restait sur les talons de l’hoborque, plutôt excité. Il avait tiré son épée du fourreau, et ses nerfs affleuraient sur sa peau tendue à l’extrême. Il regarda en coin son supérieur, et fut plus qu’impressionné par son visage flegmatique. « -Le kor a sonné, chaif. On s’ra loin du premier rang si la bataille éklate. -Je sé, ork. Mé on a le butin le plus précieux, répondit Tressolid en montrant de la main leurs prisonniers. Gardons-les pour tous, ou au pire pour nous. Et si la guerre vient, elle sera sur nous à temps pour rougir nos z’armes. -Oué, oué… » Fratrissid renifla. Autrefois, le vieil hoborque avait des sursauts de colère, et un caractère bien trempé. Voilà qu’il avait un comportement bien moins primesautier ! Le jeune capitaine mettait cet assagissement sur le compte de son grand âge. En vérité, lorsqu’il avait été foudroyé en traversant le fleuve, Tressolid avait subi bien plus que des égratignures au visage. Ses nerfs avaient été brûlés et ses oreilles assourdies, à un tel point que ses réflexes et son excitation s’en étaient trouvés amoindris. Il avait une impression d’engourdissement au moindre geste, des fourmis dans les jambes, et des mouvements saccadés. C’était pour ça qu’il n’avait pas réussi à prévoir les coups de Larka. Qu’il n’avait pas entendu le son du cor. Qu’il hésitait de plus en plus à affronter Navregen en duel. Le bruit caractéristique d’une chevauchée dans la plaine remontait de l’est, d’au-delà de la colline. La horde ne pouvait rien voir encore, mais à en juger par les mines graves des sept chasseurs elfes, il devait y avoir du beau monde. Ezelduin redescendit la côte en toute hâte, et vint se placer à la tête de la formation. Le chef semi-orque l’accepta à son côté, et tourna la tête en arrière. La plupart des Hoborques avaient été postés à l’arrière-garde, ce qui garantissait un minimum de contrôle sur leurs envies. Avant qu’ils ne puissent s’en rendre compte, les négociations auraient déjà commencé, et peut-être même se seraient conclues. Du moins il l’espérait. Les hennissements des chevaux à la lueur du petit jour inquiétèrent la première ligne, qui recula avec méfiance. Surgissant de la brume en coutournant le monticule par le nord, la cavalerie ennemie entra enfin dans leur champ de vision. Ils pouvaient compter une bonne cinquantaine de lances effilées, levées haut vers le ciel. Chacune des hampes trainait derrière elle un oriflamme claquant dans le vent avc vigueur. Les sabots des montures caracolaient sur l’herbe glacée, projetant des éclats de lumière. Les selles et les plastrons des chevaux étaient recouverts de rubans de soie et de draps précieux. Les bêtes elles-mêmes étaient magnifiques, racées, lestes. Fines et rapides, elles s’avançaient à fond de train, les oreilles dressées, obéissant à la lettre aux mots chuchotés par leurs maîtres. Le fer de lance de la cavalerie elfe était composé de quatre guerriers à l’armure étincelante, entourant de leurs écus un sire à la haute taille, au regard aussi fier qu’éclairé. Un long sabre recouvert de glyphes changeantes pendait à son flanc gauche, et son blason était jeté par-dessus son épaule. Il s’était coiffé d’un heaume ouvert, qui laissait s’échapper plusieurs mèches de ses cheveux blonds. La courroie de sa corne de brume était passée autour de son cou, et l’olifant rebondissait sur sa cuirasse en acier. D’un geste de la main, il arrêta sa formation. Son œil acéré avait vite identifié des silhouettes fines et agiles, au premier rang de l’armée orque, et il savait déjà de qui il s’agissait. « -Ezelduin Eanei Mastalcar, cria t-il. Une rencontre singulière. -Vos éclaireurs m’avaient donc bien reconnu, apprécia l’elfe. -Mes éclaireurs ont une vue aussi bonne que la vôtre. -Salut à vous, capitaine Alme Aleam. Quelles nouvelles de Fort-la-Hire ? -Très peu en vérité. Nous savions que vous aviez quitté Holorion, mais nous ignorions encore dans quel but. » Alme fit une pause pour regarder son détachement se ranger sur trois lignes, les lances dressées vers le ciel. « -Je sais à présent quels étaient vos intentions. -Et puis-je avoir l’audace, de vous demander quelles conclusions vous avez tirées ? -Vous êtes parti nous rammener la guerre, c’est évident. -Telle n’était pas mon intention, capitaine. » Navregen les regardait tour à tour, en sentant la tension monter entre les deux hommes. Visiblement, ils n’étaient pas en très bons rapports bien avant le voyage d’Ezelduin. Il fit signe à Swegnine de se glisser derrière lui, à l’abri d’éventuels tirs de flèches. « -Je suis Alme Aleam de Fort-la-Hire. Prince Ezelduin, quand vous avez quitté le palais du Monarque Madron, vous l’avez fait en forts mauvais termes. Et maintenant vous nous ramenez une horde de… peaux-vertes. -Ce sont des orques, des membres d’une des Dix Races, et non des créatures primitives, protesta Ezelduin. Le peuple Orque a toujours fait preuve d’un courage exemplaire… -Et d’une perfidie égale, répondit le capitaine. N’ont-ils pas trahi la coalition lors du Siège du Soleil ? C’était il y a près de deux millénaires, et je m’en souviens fort bien. -Les Elfes aussi furent déloyaux, renchérit Ezelduin, et les Slaqhors restèrent fidèles à l’Ennemi jusqu’à ce jour. Nous y avons perdu nombre des nôtres… -Il m’en souvient… Il n’empêche, que les ordres du Monarque sont on ne peut plus clairs. Aucun peau-verte n’est toléré sur le sol Dimhor. La dernière bataille a trop fait couler le sang elfique pour que nous l’oublions de sitôt. -Cette tribu vient chercher asile sur nos domaines, et non les conquérir. Ils réclament simplement un hivernage, un peu de repos pour la mauvaise saison. Auriez-vous le cœur de refuser ? -Et comment ! Fou est le berger qui fait l’aumône au loup, et l’accueille dans sa bergerie ! -En échange de cette protection, leur chef a fait serment de servir notre cause aussi longtemps qu’il vivra. Nous ne sommes pas en droit de refuser une main tendue. -Ezelduin, tu n’es pas en mesure de décider au nom de notre Monarque, que je sache. -Mais toi non plus, capitaine. C’est à lui seul de décider. -Il serait bien plus aisé de balayer cette racaille. -Prends garde à tes insultes, capitaine, s’écria Deuzelle, les orques aussi ont leur fierté ! » Navregen serra son poing droit si fort que les articulations blanchirent et crissèrent. Il mourait d’envie de tuer Ezelduin pour ses manigances, de tuer ce capitaine pour son outrecuidance, et de tuer Deuzelle pour son impatience. Mais s’il tentait quoi que ce soit, en un sens ou dans l’autre, ce serait le signal de la mêlée générale. Alme Aleam fronça les sourcils, en scrutant avec attention ce guerrier vindicatif : « -Je sens du sang mêlé de deux peuples en lui… murmura t-il. S’il y a de la tempérance humaine dans leurs chefs, alors peut-être pourrons-nous les bannir sans combattre. » Ezelduin foudroya Deuzelle du regard, et s’avança d’un pas vers les cavaliers. Ceux-ci serrèrent leurs brides, un geste imperceptible qui suffit à donner l’alerte aux frères du prince. Ils apparurent sur le sommet de la crête, leurs arcs bandés. Ezelduin leva la main dans leurs directions et les pointes des flèches s’abaissèrent vers le sol. Il reprit : « -Capitaine Alme Aleam, vous êtes un loyal serviteur de notre Monarque Madron, puisse son trône régner à jamais. J’en serai le fidèle témoin en toutes occasions, vraiment. Mais aujourd’hui c’est à lui seul de décider ce qu’il conviendra de faire. Je me porte garant de ces visiteurs. Ma vie contre la leur, capitaine ! S’ils versent le sang d’innocents, alors que le mien coule. Que nos sorts soient liés ! » Alme frissonna d’horreur : « -Paroles absurdes ! Vous ne tiendrez pas cette bande par des discours. Ils n’auraient pas progressé de deux lieues qu’ils commenceraient déjà à piller, violer, tuer ! Jamais je ne permettrai que… -Que ma famille, mes frères et nos descendants soient maudits s'il en advient ainsi ! Et ceux de ma lignée qui survivront sauront pourchasser les coupables. Mais donnez-leur une chance ! -Je n’ai aucune garantie… -Vous avez ma vie, capitaine. -Certes, mais comment pourrais-je avoir confiance en ces peaux-vertes ? Car sans vous offenser, j’ai déjà peine à croire en vos serments… -Je ravale l’insulte, sire Aleam, et la laverai en temps et en heure. Mais nous avons plus urgent. L’hiver est déjà là, autour de nous. Ces braves risquent de mourir de faim et de froid si on les laisse à nos portes… Et leurs domestiques aussi. -Leurs domestiques ? -Certes, plusieurs centaines d’âmes. Tous mortels, Humains, Fenris, Nains, quelques Squals peut-être. Ceux-là furent de bons alliés. -Oui. Tuer vos amis orques serait pour eux douce délivrance. -Et si le clan des Plakdefer s’engage à les libérer, comme droit de passage ? -Ce serait la moindre des choses ! Nous ne tolérerions pas que des esprits libres soient menés tels du bétail sur nos terres. » Deuzelle sembla virer au rouge, mais il se mordit la langue, baissant la tête. Il savait où étaient ses limites, quoi qu’en pensent les autres. Navregen, de son côté, commençait à penser comme lui. Ezelduin les avait trompés, il savait depuis le début que la libération des captifs serait une condition sine qua non pour le libre passage sur les terres de la ville d’Holorion. Et il y avait une prisonnière au moins, qu’il n’était pas prêt à perdre. « -Quel clan orque avez-vous dit ? reprit Alme, pensif. -Les Plakdefer. Oui, vous entendez bien, s’émerveilla Ezelduin. C’est bien ce clan qui, il y a soixante ans à peine, a mis en péril le destin de toute la contrée. Souvenez-vous, le chef suprême des Hordes, Plak’eud’Bronz, avait rassemblé une multitude sous sa bannière. Mais les Plakdefer furent trahis, et peu en réchappèrent. Aujourd’hui, ils sont toujours en disgrâce auprès des autres tribus. Ils n’ont qu’un espoir, prendre leur revanche sur leurs ennemis jurés ! Ils n’ont pas pris grande part dans la guerre contre notre nation, et n’y furent mêlés que par obligation. Accordons-leur aujourd’hui le bénéfice du doute, et demain le Monarque statuera sur leur sort. » Seules les oriflammes bruissèrent pendant une longue minute de réflexion. Les orques, lèvres retroussées, regardaient la cavalerie immobile, dans l’attente du verdict. Ils étaient prêts à charger si le besoin s’en faisait sentir. Navregen serra la main de Swegnine dans la sienne. Alme Aleam croisa le regard noble et profond d’Ezelduin. Un regard qui se savait déjà vainqueur, et qui riait déjà sous cape. « -Qu’il en soit ainsi. Mais ton destin s’est joué aujourd’hui, prince. » Le capitaine se saisit de son cor de chasse, et souffla trois coups brefs. Modifié le 10 novembre 2008 par Shas'o Benoît Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kerne Posté(e) le 25 octobre 2008 Partager Posté(e) le 25 octobre 2008 Franchement c'est fort sympathique. Vivement la suite Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 26 octobre 2008 Partager Posté(e) le 26 octobre 2008 un comportement bien moins primesautiers ! Le fait preuve d’un courage exmplaire… maudits sil advient ainsi Oui, vous entendez-bien, s’émerveilla Ezelduin. C’est bien Je t'ai mis les 4 fautes, tu devrais les trouver !! Bien ben c’est pas trop mal. Un petit chapitre combat de volonté entre les deux personnages. Il a vraiment du mal à faire accepter ce qu’il veut le petit elfe. En attendant, le coup de la libération des esclaves fait vraiment surprise ainsi que le fait qu’il serre la main de l’humaine. Y a des trucs bizarres sur le coup. Bon ben voyons la suite car ils n’ont pas parlé de ce que devraient faire les orcs pour l’installation. Pourtant vaincre une telle créature est pas donné à tous. @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'o Benoît Posté(e) le 10 novembre 2008 Auteur Partager Posté(e) le 10 novembre 2008 Ainsi commença la marche du clan Plakdefer à travers le pays Dimhor. Autrefois terre sujette à l’empire Fenri, puis au royaume de Lorplace, la région qu’ils pénétraient avait changé de maître quelques cent ans auparavant. Les Fenris, ces humains à la peau étrangement bleue et aux coutumes fort obscures, avaient régenté tout le pays depuis des siècles innombrables, parcourant les vastes steppes sur leurs chevaux maigres et rapides. Le souvenir de leur civilisation perdurait dans les noms des lieux, les vestiges de hautes forteresses élancées, et dans les relicats de leur peuple dispersé. Mais tous les orques se rappelaient encore des légendes devenues célèbres, celles des champions de leur race qui avaient précipité le royaume de Lorplace dans l’abîme de l’oubli. Bien que des raids de corsaires Slaqhors, ces elfes cruels, aient mis à feu et à sang la côte, les peaux-vertes ne retenaient que les exploits de leurs anciens chefs. Le plus célèbres d’entre eux était Grugg Mass’Kitu, qui avait juré d’exterminer les « Po bleu ». Vergador, la capitale des Fenris, avait été rasée de fond en comble, ainsi que la plupart de leurs citadelles. Les restes épars de leurs armées s’étaient réfugiés en Teregel, d’où ils avaient réussi à embarquer pour les Îles. D’autres, en traversant le Svedingarland, s’étaient réfugiés dans les marches du nord de l’Empire Humain. Mais la plupart des citoyens et citoyennes avaient été tués, étaient morts de faim et de froid ou bien avaient été entraînés dans les cachots des Maîtres du Nord. A cette époque, la gloire des tribus orques brûlait d’une flamme ardente ; c’est une victoire inespérée qui mit fin à leurs conquêtes, sur la petite île de Teregel. Le souverain de la petite royauté avait en effet réussi à repousser leurs assauts, et la résistance des courageux insulaires devint un symbole pour tous les opprimés. Des compagnies de mercenaires, engagées à prix d’or par des seigneurs généreux de l’Empire, ne tardèrent pas à prendre pied sur la côte, mais ce fut avant tout la grande immigration des Svedingars qui provoqua le recul des orques. Ce fut au milieu de ces remous militaires que la cité Elfique d’Holorion fit produire son armée. Le Monarque Madron, jugeant que la situation était favorable, sortit sa ville de l’isolement où elle était depuis des millénaires. Il avait alors eut l’intîme conviction que l’heure était venue pour sa cité de devenir l’un des états phares de la contrée. En quelques semaines, la chevauchée épique des preux Elfes repoussa les hordes barbares de tous côtés, faisant exploser les frontières de leur principauté. Le succès de cette campagne fut tel qu’au traité de Vergador, le Comte Electeur du Svedingarland et le roi de Fulmastel reconnurent au noble Madron la suzeraineté sur un tiers du Flot-Vif, et les pleins pouvoirs sur les cheptels qui en dépendaient. Madron avait voulu régner sur la terre, il avait obtenu ce qu’il avait voulu. Quelques mois de gloire engendrèrent des décennies de guerre d’usure. La population Elfe, qui ne pouvait suffire à peupler les faubourgs de sa capitale, ne parvint jamais à recoloniser un si vaste territoire. La construction de fortin aux postes-clefs du royaume fut la seule sauvegarde d’une plaine si vaste et si dépeuplée. Et ce fut le devoir de jeunes aventuriers impétueux de la carrure d’Alme Aleam que de protéger et défendre les fiefs dégarnis. La tribu des Plakdefer connaissait de près ou de loin cette histoire, encore vivace dans la mémoire des anciens du clan, mais presque oubliée dans l’esprit des plus jeunes. De tous les orques présents, seule Podfair pouvait se souvenir de ce passé grand tant en victoire qu’en défaites. Elle n’était alors qu’une rebelle juvénile et bouillante d’énergie, impatiente d’en découdre. De ces temps lointains, elle avait tout perdu, hormis des cauchemars la réveillant parfois, en pleine nuit. Elle songeait justement à ces batailles si distantes, et pourtant les champs de bataille de sa jeunesse étaient tout proches. Le roulis et le fracas du ciel la tirèrent de ses pensées moroses, et elle leva son visage ridé vers les nuages sombres qui se mêlaient au-dessus d’eux : « -Nous sommes z’en plein hiver, grogna t-elle. Asslanquo nous protège ! » Des flocons humides tombèrent en réponse à ses paroles, s’accrochant aux casques, aux couvertures en fourrure des guerriers, aux bottes usées. Le chemin se changea en bourbier, dans lequel les essieux des chariots dérapaient. Les rangées de soldats et de prisonniers se traînaient dans les ornières, bientôt couverts par la pluie fondante et les éclaboussures de terre molle. Les pieds collaient au sol traître, les chevaux renâclaient et hennissaient. Les chefs d’attelage, exaspérés, découragés, leur battaient les flancs de leurs bâtons, sans parvenir à dégager les charrettes. Navregen regarda en arrière, embrassant du regard l’expédition, et soupira. Ils n’avaient pas encore parcouru plus d’une journée de marche qu’ils étaient déjà en difficulté. Il sauta à terre, imité par Loup. « -Restez dans le konvoi, ordonna t-il à Nédacié et Swegnine. Je vais voir ce k’on peut faire. -Y’a pas grand chose à faire, dit à mi-voix son second en resserrant sa cape autour de ses épaules voutées. Kel sale temps ! Pays pourri… -Ouais je sais, on aurait dû migrer vers le Sud… Tu me le redis tous les ans » répondit Navregen, en faisant quelques pas dans la boue. Mais au sud, il y a l’empire, pensa t-il. Rien que de penser au nombre de batailles qu’il faudrait livrer pour seulement s’implanter sur ces terres tant convoitées, il en avait le vertige. Il reporta son attention sur la situation immédiate : « -Zigno ! Zigno ? Où est passé ce foutu gobelin ? -Ici, chaif ! -Va m’chercher une vingtaine de tes kongénères ; ramenez des cordes, des planches de bois. Il faut tirer cette carriole hors de la route. Dépêche-toi ! Toi, cria t-il, en faisant signe à un peau-verte. Rassemble une dizaine de kostauds et poussez ce véhikule. On ne doit pas perdre de temps. Vite ! Avant que les roues ne soient trop enfonçées ! » Le clan s’activait, tel une fourmilière. Les chefs de bande assomaient leurs orques de main, des subalternes portaient des rouleaux de corde et tombaient sur la terre détrempée en se précipitant à la rescousse. Certains des hoborques les plus forts et les moins fiers s’arc-boutaient derrière les chariots et poussaient de toutes leurs forces, en grognant de douleur. Tressolid s’était rué aussi vite que possible hors du chemin, pour se poster sur une butte voisine. Ses acolytes l’avaient suivi, et ils avaient installé une tente de fortune, une simple bâche tendue entre trois pieux. Leur chef regardait le reste de l’armée s’éparpiller autour des sept ou huit chariots fatigués. Ceux qui n’avaient rien à faire se laissaient tomber sur la neige brune, ou bien passaient le temps et se bagarrant. Il n’y avait pas un instant où un microcéphale ne hurlait, écrasé par un maladroit dans la cohue. « -On va mettre du temps à repartir, estima Tressolid, en retirant son heaume. Kelkes heures au moins. » Il jeta un regard mauvais au ciel chargé de nuages. Il devait éviter à son armure une humidité trop violente. Il sentait déjà son haubert crisser, et il regarda les gouttelettes de pluie dessiner des sillons sur sa cuirasse. « -Un peu d’barbak, chaif ? proposa Fratrissid, en tirant d’une sacoche à sa ceinture un morceau de viande sèche. -Oué, file-moi ça ! » Le vieux hoborque mâchonna lentement, avalant avec gratitude chaque bouchée de chair. Un sourire las se ménagea un chemin entre les rides et les cicatrices de sa face ravagée. « -Sûr que ces oreilles pointues sont dans dsales draps avek nous, remarqua t-il. Le temps k’le clan arrive à Holorion, il leur sera poussé d’la barbe au menton ! » Une paire de silhouettes trempées comme des nasses s’approcha du petit conciliabule, manquant de déraper sur les pentes du tertre : Novlam et Larka. La jeune guerrière marchait devant, d’un pas hésitant. Malgré sa chevelure dégoulinante et ses dents qui claquaient, elle n’avait rien perdu de son air farouche. Son frère, fidèle à lui-même, se passa de commentaire et se plaça en retrait, les bras croisés. Elle prit donc la parole pour eux deux : « -K’es’t’attend, vieux krouton ? Ke tout le klan s’noie ? -Le klan ne se noiera pas dans une goutte d’eau, cracha Tressolid. Mais ces longues oreilles vont râler, et c’est toujours ça d’pris, pas vrai ? -Le malheur des uns fait aussi celui des autres, ricana Fratrissid. -On dirait, nota Larka ; mais le voyage fatigue la horde. Faudrait songer à trouver enfin un abri digne de ce nom. -On a ça pour aujourd’hui, sentença le chef hoborque. On verra d’main. En attendant, laisse la kolère aux elfes. » Il lui tendit ce qui restait de viande salée. Elle hésita, puis accepta l’offre et mordit à belles dents, tout en maugréant : « -Saison de… ! » Alme Aleam était dressé sur sa monture, debout sur ses éperons, et regardait la colonne s’activer. Il eut un soupir de découragement, et se laissa retomber sur sa selle. « -Dans quel désastre me suis-je engagé… pensa t-il à mi-voix, tout en faisant signe à sa cavalerie de s’arrêter. Elfes ! Attendons que ces bandits se tirent de leur embarras. Il est hors de question que l’un de nous se risque à leur venir en aide. Minimisons les rapports avec cette engeance, pour notre bien à tous. » Les cavaliers autour de lui opinèrent, et mirent pied à terre. Quelques uns sortirent de sous leurs pélerines des petites lanternes de cristal, à l’aide desquelles ils allumèrent un feu en ramassant des brindilles. « -On risque de manquer de bois sec, annonça l’un des elfes de la troupe. -J’ose espérer que nous n’aurons pas à attendre jusque là, rétorqua le capitaine. Envoyez un messager au reste de notre détachement. Que les archers rejoignent le reste de l’infanterie en arrière-garde, il est inutile qu’ils se perdent dans cette averse. -Bien, capitaine. -Et qu’un héraut aille prévenir la cité de notre arrivée. » Il descendit de monture, caressa l’encolure de son destrier et regarda ses écuyers monter en hâte un pavillon. Pourvu que le soleil daigne se montrer, songea t-il, et je pourrais les amener aux pieds du roi en deux jours. Mais avec un tel déluge ! La pluie se poursuivit encore des heures durant, si bien que les Plakdefer finirent par renoncer à reprendre la route. Le bivouac fut monter à la hâte, mais bien peu de feux purent être allumés. La foule des piétons se contenta donc d’un repas froid avec ce qu’il leur restait de réserves de nourriture. Les captifs étaient encore rassemblés au centre du campement, serrés les uns contre les autres. Ils avaient ouï dire que les elfes avaient exigé leur libération, et le bruit courait parmi eux que la délivrance était proche. Les chefs de bande avaient néanmoins fait poster des sentinelles autour de leur rassemblement. Tant qu’ils n’y seraient pas contraints, ils considéreraient leurs prisonniers comme leur propriété exclusive. Mais avec le vent qui hurlait, et les flocons de neige qui tombaient par paquets entiers, les malheureux désignés pour monter la garde songeaient plus à réchauffer leurs doigts gourds qu’à surveiller les esclaves. L’une des esclaves en particulier, se glissa hors du cercle. Ses voisins la liassèrent faire, trop occupés à se réchauffer pour la mettre en garde. C’était une jeune humaine, qui avait habité le dernier village pillé par la horde. Elle était la fille d’un riche marchand, le propriétaire de la maison où Navregen avait tenu son conseil de guerre. Elle avait été ligottée et jetée dans la foule du bétail humain, mais elle avait gravé dans sa mémoire l’image du chef de ces barbares. Au cours de la journée, la surveillance s’était relâchée, et elle avait réussi à récupérer un marteau. Elle s’en était servi pour briser ses chaînes, au beau milieu du désordre de la colonne. Elle rampait sur le sol, aussi silencieuse qu’un serpent. Elle avait encore ses fers aux chevilles, mais les anneaux de fer étaient dans sa main crispée. Elle se glissa entre deux gardes ensommeillés, et releva la tête pour repérer la tente. Elle voulait bien croire que les elfes aient été assez généreux pour demander la libération des otages. Elle savait aussi que jamais les hoborques n’accepteraient d’abandonner une si grosse part de leur trésor de guerre. Elle savait ce qu’il lui restait à faire, avant qu’on ne la tue. Le camp était calme. Le silence n’y régnait pas, en fait, puisque des gobelins continuaient de se chamailler et de se houspiller, derrière les charrettes ; que des microcéphales couinaient en se courant les uns après les autres ; que la moitié des orques ronflait avec conviction. Mais tout cela l’aidait beaucoup. Elle parvint à atteindre la toile de la tente de Navregen. Elle retint son souffle, priant pour que le wolfen ne montât pas la garde. Elle écarta un coin du tissu, et rendit grâce à Atthur. Le monstre n’était pas là. Elle se glissa à l’intérieur du pavillon, en faisant bien attention à ce que sa chaîne ne tinte pas. Elle observa les lieux, attendant deux secondes, peut-être trois, le temps que ses yeux s’accoutument mieux à l’obscurité accrue. Un coffre, quelques effets sur le sol. Un grand lit penché. Dans ce lit, une personne blottie sous une peau d’ours. La jeune fille s’approcha du lit, sur la pointe des pieds. Elle se pencha au-dessus de la forme recroquevillée, mais réalisa aussitôt qu’il s’agissait d’une femme ! Elle se pinça les lèvres, inquiète. S’était-elle trompée de tente ? Où était… « -Un dragon… murmura Navregen. Promesse… A mon père… » Elle tourna sur elle-même, le bout de sa chaîne rebondissant sur son genou gauche. Elle ignora la douleur, et se concentra sur sa cible. Le semi-orque était étalé au fonde de la tente, couché sur le côté. Il avait le sommeil agité. Il lui tournait le dos. C’était sa chance. Elle se glissa derrière lui, aussi discrètement que possible, et se saisit de sa chaîne de fer. Elle passa les anneaux autour du cou du peau-verte… Navregen se retourna, et avança un bras hésitant ; il lui attrapa le poignet, murmurant : « -Je lui ai juré… Tu komprends ? » Elle recula, terrorisée, et tira sur les fers de toutes ses forces. Navregen ouvrit les yeux, lâchant un grognement de souffrance. Il essayait d’articuler : « -Arr…tez cel… Par le… » La révoltée était debout derrière lui, serrant toujours plus son garrot, un sourire triomphal sur les lèvres. « -Que… Que se passe t-il ? » Elle tourna la tête, et remarqua la femme endormie. Elle s’était réveillée en sursaut. « -Nous sommes vengées ! s’exclama la captive, nous et tous les autres ! » Un grognement terrible lui répondit, et une paire de griffes l’attrapa aux épaules. Le wolfen était revenu. « -Lâche-le ! hurla Loup, en plantant ses ongles coupants dans sa peau. Lâche ! » Mais comme elle n’obéissait pas assez vite à son goût, il la mordit au poignet gauche. Elle poussa un hurlement déchirant, et laissa tomber la chaîne. Navregen s’affala sur le sol, ses deux mains sur son cou rougi. Loup avait jeté sa proie à terre, et s’apprêtait à l’achever, mais elle s’empara de la poignée du sabre, qui gisait au sol, et cingla l’air devant elle. Le wolfen bondit en arrière, babines retroussées. « -Achève-le ! hurla la prisonnière. Vite ! -Mais… bredouila Swegnine. -Tue-le ! -Vous êtes morte, articula Loup, en se redressant sur ses pattes arrière, ce qui lui donnait une allure trapue. Morte. -Dépêche-toi ! ajouta la femme. Avant qu’il se relève ! » Swegnine était encore choquée, incapable de réagir. Elle n’en eut pas le temps. Navregen n’avait plus qu’un genou à terre, quand la toile de la tente se déchira en deux, transpercée par une longue rapière. Ezelduin entra, suivi par deux de ses frères : « -Que se passe t-il céans ? Nous avons entendu des cris… » Deuzelle et quelques orques s’attroupaient derrière eux, la mine sombre. Navregen accueillit tous ces nouveaux venus d’un sourire forcé : « -Ce n’est rien, siffla t-il avec peine. Une captive… En colère… Risques du métier… » Voyant sa partie perdue, elle retourna le sabre et s’apprêta à s’égorger, mais Ezelduin s’élança auprès d’elle et d’un moulinet adroit, la désarma. « -Je la tue, déclara Loup. -Arrière, créature des bois, clama l’elfe. Si je lui ai ôté le pouvoir de s’ôter la vie, ce n’est pas pour que tu puisses… -Personne ne la tue… Haleta Navregen. Elle appartient… A un hoborque. -Elle s’est échappée, dit Deuzelle, l’air menaçant. Elle est à qui la prend. -Alors elle est à moi, répondit Ezelduin. Laissez-la moi. -Arrêtez de parler d’elle comme d’une chose ! s’emporta Swegnine. -Pourquoi tu ne l’as pas fait ? hurla la malheureuse. Tu avais tout le temps ! » Navregen s’interposa entre elles, et lui rétorqua : « -Elle tient peut-être plus à la vie ke toi… -Rappelez-vous qu’aucun mal ne doit être fait au prisonniers, reprit Ezelduin. -Elle a v’lu tuer notre chaif ! beugla un orque en colère. -Oué, laissez-la au wolfen ! -Non pas ça ! supplia la femme, en se jetant aux pieds du prince elfe. Ne les laissez pas faire ! -Faut la massakrer, c’te vipère ! -Une excellente idée, sourit Deuzelle. Ke Loup lui règle son kompte. -Il faudra me passer sur le corps ! protesta Ezelduin. -Mais ça peut s’arranger, oreilles en pointe ! -Pas un mot ! De plus ! aboya Navregen. Je suis le chef des Plakdefer. J’ai pris ma décision. Cette humaine a kommis un akte ignoble ; elle a voulu tuer le chef du klan par traîtrise. C’est une fugitive, et Ezelduin l’a désarmée. K’il la garde, mais si un ork la trouve seule, il devra la tuer sans sommation. Elle est bannie de notre klan et kondamnée à mort. -Grande est votre sagesse, s’inclina Ezelduin. Nous nous retirons. » Tous les quatre sortirent de la tente sans plus rien dire, surveillés de près par les orques attroupés. Puis chacun retourna trouver un peu de sommeil dans son coin. Navregen les regarda s’éloigner, puis salua d’un signe de tête le wolfen : « -Merci Loup. Tu marches à deux pattes à présent ? -Loup va mieux, reconnut la bête. Peux fouler le sol debout. Pour mieux te servir. -Je n’en doute pas, reconnut le semi-orque. Et toi Swegnine… Merci aussi. » La jeune femme tomba assise sur le lit grinçant, toute chamboulée par les événements. Les cris de la prisonnière résonnaient dans sa tête. Pourquoi l’avait-elle épargné ? Il faut croire qu’elle commençait à apprécier cette brute… Elle réprima un frisson. Non, elle était trop secouée pour faire quoi que ce soit, voilà tout. « -Ma tente est fichue, se lamenta Navregen. Cet imbécile d’elfe a déchiré la toile… Nous serons morts gelés avant demain. » Il palpa encore son cou endolori, s’éclairci la gorge et proposa : « -J’ai peur qu’il ne nous faille… Enfin, pour nous réchauffer… Vous voyez… Le lit est bien assez grand pour trois, conclut-il. Viens, Loup. » Le wolfen obéit, et marcha avec hésitation derrière son maître. Navregen ramassa la couverture en peau d’ours. La couverture de son père. On pouvait voir encore les taches de sang dessus. Il la tendit à l’humaine : « -Gardez-la, Swegnine, et faites-nous un peu de place. » Finalement, Loup se plaça au pied du lit, roulé en boule. Le semi-orque tourna le dos à sa compagne, qui s’était enroulée dans sa couverture. Après quelques instants, il lui chuchota : « -Au fait, si vous changez d’avis et ke vous décidez d’essayer de me tuer, faites-le au sabre. Ce sera moins cruel pour moi. » Swegnine fit semblant de rire, gênée. Au moins, l’humour orque, elle n’y avait pas prit goût. 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0'mor'tyr Posté(e) le 11 novembre 2008 Partager Posté(e) le 11 novembre 2008 Toujours aussi bien, pour ne pas changer. Et ton histoire avance vraiment beaucoup ces derniers chapitres. J'ai même cru pendant un instant que l'esclave allait réussir son coup, et que l'on allait avoir une fin encore plus précipitée que prévue... Sinon, question: c'était les belluaires qui avaient massacré les fenris, ya quelques chapitres? J'imagine que oui, mais c'est pas explicite, alors tu imagines que pour tes pauvres lecteurs avec de la bouillie entre les oreilles... Bon, suite, suite, suite! O'mor'tyr. Si, dernier truc, tu fais bien d'accelerer un peu les evenements, parceque au bout d'un moment, ça devient fatigant la lutte des chefs orques... Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 13 novembre 2008 Partager Posté(e) le 13 novembre 2008 Toujours bien ! J'ai cru au départ que tu allais nous faire qu'un historique ( cf le départ ) mais y a quand même assez d'action. On a une petite avancée et des problèmes qui me rappellent un autre moment ton histoire qui semble similaire. Et une tentative d'assassinat qui montre qui en a une qui a le syndrome de Stockholm ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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